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La justice critique certaines méthodes de Deutsche Telekom

Publié le 26 novembre 2004

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FRANCFORT (Allemagne), 23 nov (AFP) - La justice allemande a critiqué
certaines méthodes comptables de Deutsche Telekom mardi au premier jour d'un
des plus grands procès au civil de l'histoire de l'Allemagne tout en émettant
des réserves sur une grande partie de la procédure.
L'opérateur de télécommunications est confronté devant un tribunal de Francfort (ouest) à plus de 14.000 petits actionnaires qui réclament quelque 100 millions d'euros de dommages-intérêts pour la chute du titre en Bourse. Les petits porteurs accusent le groupe de télécommunications de leur avoir fourni de fausses informations lors de la mise en Bourse d'une troisième tranche du capital en juin 2000.

Deutsche Telekom aurait, selon eux, surévalué la valeur de son portefeuille immobilier et ne les aurait pas prévenu de son projet d'achat de l'opérateur américain de téléphonie mobile VoiceStream, annoncé un mois plus tard. Au premier jour des débats, le juge francfortois chargé de la procédure, Meinrad Woesthoff, a critiqué la méthode adoptée par Deutsche Telekom pour évaluer son parc immobilier.

En 1995, le groupe avait procédé à une estimation en bloc plutôt que pièce par pièce. "Ce ne correspondait pas aux règles", a souligné le juge en précisant toutefois que cela signifiait pas forcément que l'évaluation avait au final été fausse. Le groupe de télécommunications est propriétaire de 35.000 bâtiments et terrains. En 2001, il avait été contraint de revoir en baisse de 2 milliards d'euros la valeur de ce portefeuille foncier.

En revanche, le juge a estimé que les recours déposés contre l'opérateur concernant son rachat de VoiceStream ou de licences UMTS à l'été 2000 n'étaient pas suffisamment justifiés. La Cour a également assuré que des dommages-intérêts ne pouvaient pas être réclamés à l'ancien patron de Deutsche Telekom, Ron Sommer, accusé d'avoir par ses choix stratégiques entraîné la dégringolade du titre.

Ron Sommer avait été contraint de démissionner à l'été 2002 sous la pression de son principal actionnaire, l'Etat allemand. Quant à l'action du groupe, introduite au prix de 66,50 euros, elle avait par la suite vécu une véritable descente aux enfers, tombant jusqu'à 8,59 euros deux ans plus tard. Le groupe explique la chute du titre par des facteurs externes, tel que l'éclatement de la "bulle" internet et des télécommunications. Devant l'ampleur de la procédure -- plus de 2.100 recours ont été déposés --, le tribunal a décidé de ne traiter que 10 recours qui serviront d'exemple pour les autres. Les débats ne reprendront toutefois que le 21 juin 2005.

Ce procès est un peu celui des excès du secteur des télécoms à la fin des années 90, jugent les experts. A cette époque, Deutsche Telekom était saisie, comme France Télécom et d'autres, par la fièvre des nouvelles technologies et de l'internet. De l'Atlantique à la Méditerranée, le secteur avait connu une grande ébullition et multiplié les rachats d'entreprises et les investissements faramineux tandis qu'à la Bourse, les titres télécoms battaient des records. Partout en Allemagne, l'action télécom était vantée comme "le placement des familles", une valeur sûre qui assurerait un bon et régulier revenu à ses détenteurs. Des milliers de petits porteurs, parmi lesquels un bon nombre de retraités, ont investi leurs économies au point que Deutsche Telekom est passé pour être à l'origine de l'actionnariat populaire outre-Rhin.

Mais le marasme n'a pas tardé quand le monde de la finance a découvert que les opérateurs avaient accumulé des montagnes de dettes. Deutsche Telekom a publier en 2002 la plus lourde perte nette jamais essuyée par une entreprise européenne, battant Vivendi au jeu des tristes records.

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