France/Affaire Gaymard: Raffarin espère avoir endigué la polémique
L'onde de choc de ces révélations a contraint M. Gaymard à annoncer le soir même qu'il déménageait tandis que, dans la foulée, M. Raffarin, d'ordinaire critiqué pour son manque d'autorité, limitait à 80 m2, plus 20 m2 par enfant à charge, la prise en charge par l'Etat des appartements des ministres ne disposant pas de logement de fonction.
Il a donné deux mois à son équipe pour se conformer à cette règle, chaque ministre concerné devant déménager ou payer lui-même les mètres carrés en trop.
Saluant une "décision de transparence", le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé, lui-même concerné, a annoncé qu'il règlerait sa part, "mètre carré par mètre carré", comme son collègue Frédéric de Saint-Sernin (Aménagement du territoire).
Laurent Hénart (Insertion professionnelle des jeunes) a quant à lui décidé de déménager dans un appartement plus petit.
La célérité de M. Raffarin s'explique certainement par le traumatisme pour la droite du scandale autour de l'appartement d'Alain Juppé, en 1995. L'ancien Premier ministre avait loué, pour lui et ses enfants, des appartements du domaine privé de la Ville de Paris pour un loyer inférieur au prix du marché, et cette affaire lui avait empoisonné la vie pendant des mois.
L'actuel locataire de Matignon craignait d'autant plus que la polémique prenne de l'ampleur que, selon Libération, son directeur de cabinet, Michel Boyon, avait donné son feu vert à l'appartement des Gaymard malgré les réserves du Secrétariat général du gouvernement, chargé de la gestion de tels logements.
Mais la principale victime de cette affaire est bien le ministre de l'Economie lui-même, qui avait construit son image sur la modestie. A 44 ans, tout juste promu à Bercy, ce discret Savoyard apparaissait comme un premier ministrable. Malheureuse coïncidence, il a reçu jeudi le prix de la "révélation politique de l'année".
Visiblement secoué, Hervé Gaymard est apparu maladroit dans son mea culpa. Il a reconnu un manque de "vigilance", imputé au fait qu'il "travaille 120 heures par semaine", soit plus de 17 heures par jour, dimanche compris. Jeudi soir, face au socialiste Dominique Strauss-Kahn sur France 2, il a semblé encore plus mal à l'aise en jurant qu'il ne "savait pas le prix" de l'appartement.
Après de sévères critiques, le PS a souligné vendredi, par la voix de François Hollande, qu'il ne fallait pas "accabler les personnes" et s'est contenté de réclamer "la transparence", craignant peut-être qu'une telle affaire ne développe le réflexe du "tous pourris" dans l'opinion.