17 tués dans l'incendie d'un immeuble à Paris habité par des Africains
L'identification des corps, certains calcinés, sera "longue et difficile", selon les mêmes sources. L'origine exacte du sinistre n'était pas connue en début d'après-midi. Selon le procureur de la République de Paris, le feu s'est déclaré dans la cage d'escalier au rez-de-chaussée. Un vasistas ouvert sous le toit en haut de l'escalier a probablement créé un appel d'air, contribuant à la propagation rapide de l'incendie, selon le magistrat.
130 personnes, dont une centaine d'enfants, originaires du Mali, du Sénégal, de la Côte d'Ivoire et de Gambie, logeaient dans cet immeuble de sept niveaux du début du XXe siècle, à l'angle du boulevard Vincent-Auriol et de la rue Edmond-Flamand.
Cet incendie, quatre mois après celui de l'hôtel Paris-Opéra (IXe arr.) qui avait fait 24 morts le 15 avril, essentiellement des Africains en attente de logements sociaux, a relancé le débat sur l'insuffisance de ce type de logement à Paris alors que l'état de l'immeuble sinistré faisait l'objet d'appréciations divergentes.
"C'est un drame horrible qui interpelle tout le monde, tous ceux qui peuvent avoir une influence sur la politique du logement", a déclaré le maire socialiste de la capitale Bertrand Delanoë, venu réconforter les rescapés rassemblés dans un gymnase du quartier.
Jean-Baptiste Eyraud, président de l'association Droit au logement (DAL), a souligné que "plus de 50.000 familles mal logées sont en attente d'un vrai logement".
Les Verts ont demandé des mesures d'"urgence" en faveur du logement social tandis que le Parti communiste a regretté que "des dizaines de familles payent à nouveau un lourd tribut à la pauvreté et au mal-logement".
L'immeuble était géré par l'association France Euro Habitat (FREHA) pour le compte d'Emmaüs. Selon des témoignages recueillis par l'AFP, il était particulièrement vétuste. "Il y avait des rats et des souris", a assuré un habitant tandis qu'une voisine a assuré que "les escaliers de bois de l'immeuble bougeaient".
Jacques Oudot, président de FREHA, a affirmé que des travaux de fond étaient prévus mais que "personne n'avait voulu reloger" les locataires. Martin Hirsch, président d'Emmaüs, a défendu le relogement dans cet immeuble de familles qui vivaient dans des squats. "C'est un immeuble d'habitation tout à fait classique qui a été utilisé", a-t-il assuré sur RTL, affirmant que les appartements n'étaient "pas surpeuplés".
Le député-maire PS du XIIIe Serge Blisko a estimé que l'immeuble "propriété de l'Etat et géré par Emmaüs était ancien mais pas insalubre", évoquant plutôt "une sur occupation" Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a annoncé un recensement de "tous les immeubles (à Paris) qui peuvent présenter une situation de dangerosité en termes d'incendie et de sur occupation" après une visite sur place.
Le président de la République Jacques Chirac a exprimé "sa profonde compassion personnelle et celle de la Nation" tandis que le Premier ministre Dominique de Villepin a fait part "de sa plus profonde sympathie" aux victimes et aux familles.
L'alerte a été donnée à 00h17, le "plan rouge" déclenché à 01h06 et l'incendie qui a mobilisé 210 pompiers et une cinquantaine d'engins a été éteint à 02h54. "On voyait beaucoup d'enfants qui appelaient aux fenêtres", a raconté un témoin, Mohammed Cissé.
Une cellule médico-psychologique du Samu de Paris a été mise en place et la brigade criminelle saisie de l'enquête.