Marseille et Saint-Denis lancent un réseau de ville pour lutter contre l'habitat indigne
« Dans des situations où les moyens et les outils des collectivités locales sont souvent insuffisants, ce réseau vise à fédérer des villes de toutes tailles afin de partager leurs expériences et les difficultés rencontrées dans la lutte contre l'habitat insalubre », ont déclaré les maires socialistes Mathieu Hanotin (Saint-Denis) et Benoît Payan (Marseille) dans un communiqué commun.
Ces derniers exposent plusieurs « difficultés » dont « la complexité et la lenteur des procédures, la dégradation des copropriétés, l'éparpillement des logements, les difficultés d'interventions foncières, et la lutte contre les marchands de sommeil ».
L’objectif ? « Proposer des changements législatifs qui permettront de mieux outiller les collectivités locales pour mener cette bataille cruciale », déclarent-ils.
20 propositions
Parmi leurs 20 propositions figurent la création d'un « juge de l'expropriation de référence pour l'habitat indigne » au sein de chaque juridiction judiciaire et cour d'appel, l'élargissement des régimes de défiscalisation aux travaux de réhabilitation, l'obligation d'expertises structurelles, y compris les équipements collectifs, dans toutes les zones à concentration de logement insalubre, et faciliter et renforcer la saisie/confiscation des biens appartenant à des copropriétaires peu scrupuleux au sein de copropriétés fragiles.
Ce réseau complète la mission confiée mi-mai aux maires de Saint-Denis et de Mulhouse par le ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein, pour proposer des mesures contre l'habitat indigne.
40 000 bidonvilles à Marseille
L'habitat insalubre, qui comprend les lieux inhabitables et les logements présentant un risque pour la santé ou la sécurité des occupants, concerne environ 410 000 logements en France, selon les estimations du gouvernement.
Marseille, la grande ville la plus pauvre de France, compte environ 40 000 bidonvilles, alors que les problèmes de logement ont été dramatiquement mis en lumière avec l'effondrement de deux immeubles délabrés et la mort de huit personnes en 2018, un incendie en juillet 2021 dans un complexe de logements squattés - au cours duquel trois migrants ont perdu la vie en sautant par la fenêtre - mais aussi un deuxième effondrement en avril dernier.
À Saint-Denis, le taux de logements potentiellement insalubres est de 19 %, ce qui représente 4 500 logements. Le réseau des villes se réunira à Saint-Denis en novembre.
Marie Gérald (Avec AFP)
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