Logement indigne : le Gouvernement et des communes accusés d’inaction
Le 5 novembre dernier, deux immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille s’effondraient, faisant huit morts et nécessitant l’évacuation de 250 immeubles. Le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, qui prépare son rapport annuel, a tiré la sonnette d’alarme en appelant le Gouvernement à se préoccuper davantage de cette urgence sociale en répondant par des mesures concrètes, et a déploré le manque de réaction de nombreuses communes.
Un million de personnes touchées par l’habitat indigne en France
Marie-Arlette Carlotti, présidente du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, reconnaît que « c'est à Marseille que le zoom s'est porté sur le logement insalubre, qui tue en s'effondrant, et tue par la maladie ». Egalement membre de ce comité et délégué général à la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert a quant à lui rappelé que l’habitat indigne concernait 450 000 à 650 000 logements en France, soit environ « un million de personnes touchées par ce fléau ».
Ce dernier a notamment estimé que « la réponse n'avait pas été à la hauteur de l'enjeu de l'urgence sociale » après la catastrophe de Marseille et déploré qu’il ne se passe encore rien dans de nombreuses communes. « Si on met la volonté politique, on est capable de mettre fin au mal-logement. Il faut des mesures extraordinaires de la part de l'Etat, de la ville et de la métropole », a-t-il ajouté, en évoquant la possibilité d'un moratoire sur les expulsions à la fin de la trêve hivernale.
Alors que cette dernière s’achève le 31 mars, Julien Denormandie, ministre du Logement, s’est parallèlement félicité ce mercredi 27 mars de la pérennisation de 6 000 nouvelles places d’hébergement pour les sans-abri, portant à 145 000 le nombre total de places : « C'est un effort sans précédent. Jamais aucun gouvernement de gauche ni de droite n'a autant pérennisé. Nous continuons avec humilité et détermination à gérer l'urgence et l'après avec le plan Logement d'abord », a-t-il ainsi déclaré.
A Marseille, la mairie accusée de se défausser sur les associations
Pour Christian Nicol, également membre du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, et qui doit remettre au Gouvernement un rapport sur l'habitat insalubre en France à l'automne prochain, « la boîte à outils est suffisante pour traiter le problème » à Marseille. Or, après le drame, « la ville s'est défaussée sur les associations », a affirmé celui qui avait rédigé dès 2015 un rapport alarmiste sur l'habitat insalubre à Marseille, regrettant que les logements sociaux soient construits en nombre insuffisant car « la loi SRU n'est pas appliquée ».
Kaouther Ben Mohamed, membre du Collectif du 5 novembre, créé après le drame de la rue d'Aubagne, a quant à elle accusé les mairies de secteur de ne pas mettre à disposition des bailleurs sociaux suffisamment d'appartements pour y reloger les familles expulsées. Selon elle, « 1 400 personnes sont encore logées dans des hôtels depuis l'évacuation de leurs immeubles ».
C.L (avec AFP)
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