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L’élu, un facilitateur dans la rénovation globale ?

Publié le 19 octobre 2023

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La rénovation énergétique rassemble une foule d’acteurs, y compris les collectivités territoriales. Mais quelles actions peuvent déployer les élus en ce sens ? Réponses aux Renodays avec Florence Presson, élue à Sceaux.
L’élu, un facilitateur dans la rénovation globale ? - Batiweb

Aux Renodays, on découvrait les actions du CSTB, d'Effinergie, ou du gouvernement afin de massifier la rénovation énergétique du logement. Un autre acteur a sa place dans ce vaste chantier de la transition écologique en France : les élus. 

Florence Presson en sait quelque chose par ses fonctions d’adjointe au maire de Sceaux mais aussi coordinatrice parcours de rénovation énergétique performante pour les pavillons (PREP) de Grand Paris Grand Est (GPGE).  

Ce territoire du Grand Paris compte 400 000 habitants sur 14 communes. « On est sur des communes où il y a 30-40 % des ménages qui vivent dans des maisons, et 77 % des émissions de gaz à effet de serre qui viennent des maisons », expose l’élue lors d’une conférence sur le salon, intitulée « Les élus, facilitateurs de la rénovation performante ».

Le financement du reste à charge, le point manquant pour les ménages

 

On peut se dire qu’avec l’augmentation du budget gouvernemental accordé à la rénovation énergétique, tant pour les aides que le dispositif Mon Accompagnateur Rénov’, les ménages ont de quoi franchir le pas. 

Mais Florence Presson, comme bien d’autres acteurs de la filière, diront le contraire. À l’échelle du territoire GPGE, le revenu médian annuel est de 13 000 euros, pour des frais de chauffage s’élevant à plus de 2500 euros. Le pire pour l’élue de Sceaux, c’est l’invisibilisation de ces ménages, classés parmi les plus fragiles. « Personne ne les voit administrativement, on ne les connaît pas. En plus, ils ne vont pas pouvoir faire des économies parce qu’ils ne se chauffent pas », déplore-t-elle. 

Et les aides et accompagnements de l’État ne suffiront pas. « Ce qui manque, c'est le financement du reste à charge », souligne Florence Presson. « À Grand Paris Grand Est, il y a seulement 15 % des ménages qui ont fait des travaux de rénovation performante et ont eu accès à un prêt. C'est lamentable », commente la coordinatrice PREP du territoire. 

« Quand vous avez plus de la moitié des projets qui sont abandonnés faute de trouver un financement, ou lorsque vous avez des devis pour une rénovation globale, mais comme c'est sur fonds propre que les personnes font les travaux, ils retirent un poste ou deux, et bien pour nous c'est dramatique », observe-t-elle. 

L’absence d’effort de la part des banques est souvent pointée du doigt par l'élue, comme par l’ensemble de la filière. En particulier durant les rencontres de le Capeb, où des idées ont été évoquées pour desserrer l’étau des banques sur les prêts immobiliers.

Aux Renodays, Florence Presson est également allée de sa proposition, notamment la mise en place d’un système de notation des banques, en fonction des prêts accordés à la rénovation énergétique.  

« Dans les banques, imaginez qu'il y ait une étoile, deux étoiles, trois étoiles, calculées en fonction du pourcentage de prêt à la rénovation énergétique qu'ils octroient. Et plus la banque va faire des prêts à la rénovation globale, plus elle va gagner d'étoiles. Est-ce que vous continueriez à aller dans une banque à zéro étoile ou une seule étoile ? », interpelle-t-elle. 

Le TZEE, un « démarche expérimentale » pour lutter contre la précarité énergétique

 

À leur échelle, les territoires peuvent pousser l’accompagnement déjà déployé au niveau national.

D’où l’idée de Xavier Lemoine, maire de Montfermeil et de Philippe Laurent, maire de Sceaux, de lancer, avec des élus de la métropole du Grand Paris, l’expérimentation Territoires zéro exclusion énergétique (TZEE)

Il s’agit d’un programme CEE, déployé sur la période 2023-2026 qui bénéficie de 15 millions d'euros d’aides de l’État.

Un dispositif inspiré de Territoires zéro chômage et qui se déploie en plusieurs axes. D’abord : dessiner une méthodologie précise de création et de mise en oeuvre de TZEE. « L'objectif, c'est de déployer cette méthodologie à l'échelle nationale à partir de 2026 », indique Florence Presson. 

La démarche vise aussi à créer des nouveaux métiers de l’accompagnement. D’un côté l’ensemblier territorial, « la personne qui est en rapport avec l'ensemble des élus du territoire, les acteurs locaux et fait le lien avec les 14 autres territoires en France » décrit la coordinatrice PREP de GPGE. Puis l’ensemblier solidaire, un intermédiaire soutenant le ménage dans tout son projet, « pour l'aider à chercher les informations, pour remplir les dossiers administratifs, pour l’accompagner auprès d'une banque », souligne l’élue.

À cela s’ajoutent les missions de former, sensibiliser mais aussi outiller les acteurs du territoire (artisans, bénévoles, associations, travailleurs sociaux…), afin de mener à bien toutes les étapes du parcours de rénovation globale et performante pour les ménages les plus modestes. 

«On ne peut pas laisser les habitants qui sont très précaires, qui sont très fragiles. Parce que non seulement il y a un souci d'argent, mais il y a aussi un souci d'accompagnement et d'algorithme social, donc il faut les rendre visible et il faut les accompagner », défend Florence Presson. 

Mais comment cela se traduit au sein du territoire GPGE ? « Un territoire zéro exclusion énergétique chez Grand Paris Grand Est, c'est trois quartiers à Noisy-le-Grand. Le challenge est important, mais c'est aussi une démarche diffuse sur les 13 autres communes. Ça veut dire que dans chacune des 13 communes, on va être sur l’accompagnement de trois, quatre, cinq, dix maisons, parce l'objectif à l'issue de cette expérimentation, c'est que les 13 communes autres que Noisy-le-Grand puissent rentrer dans ce parcours. Et qu’il y ait un engagement aussi bien des élus, que des associations locales, que de l'écosystème complet, pour pouvoir effectivement dépasser les 200 maisons rénovées », détaille Florence Presson.

À l’échelle du territoire Grand Paris Grand Est, l’isolation prime avant le chauffage

 

Mais concrètement, quel gisement de travaux représente le programme TZEE à l’échelle du territoire GPGE ? « Alors au niveau du parcours de rénovation énergétique performante, on a à peu près 200-300 ménages, qui répondent à toute sollicitation concernant l'entrée dans ce parcours », répond Florence Presson. 

Parmi les travaux de rénovation prioritaires « là où on est très content, c'est que le changement de chaudière n’est plus la priorité », constate la coordinatrice PREP de GPGE.  D’abord, on retrouve « l'isolation extérieure ou l’isolation intérieure, parce qu'on a aussi, dans cette zone métropolitaine, pas mal de maisons situées dans des zones protégées » sur le plan patrimonial.

Ensuite, il y a « les ouvrants, les planchers, les plafonds. La toiture est en égalité avec la chaudière », ajoute-t-elle.

Encourager la montée en compétences des jeunes en la matière

 

L’expérimentation du TZEE, renvoie à une liste d’engagements. « Pour moi, 2 engagements sur les 10 sont particulièrement importants et nous correspondent », souligne Florence Presson. « On a vu que dans une collectivité, s'il y a une réunion organisée par le maire, on a 200 personnes, 250 personnes à l'écoute », relève l’élue. 

Puis il y a le soutien de « la montée en compétence, via le déploiement de formation spécifique à la lutte contre la la précarité, l'exclusion énergétique ». « C’est important parce que dans l'ensemble de nos territoires, on a des jeunes. Des jeunes qui recherchent des métiers qui ont du sens, c'est de l'emploi, c'est de l'attractivité », encourage-t-elle. 

Virginie Kroun 
Photo de Une : V.K

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