L'aménagement du quartier de La Défense sera transféré aux collectivités locales
Pour acter légalement ce changement, le gouvernement compte inscrire le transfert de l'Epadesa, dans une loi présentée le 3 août en Conseil des ministres. Il pourra agir ainsi par ordonnance, une habilitation à légiférer ainsi figure en effet dans l'article 37 du projet de loi, créant le futur établissement public local.
L'établissement public va également être fusionné avec l'établissement chargé de la gestion de La Défense, Defacto. Cette structure, dirigée par le président (LR) du Conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, était déjà dans le giron des collectivités locales.
« Il faut investir 50 millions par an pendant dix ans » - Patrick Devedjian
L'Etat « s'est rendu compte que la Défense courait les plus grands périls faute d'investissements auquel l'Etat ne s'est jamais résolu », a indiqué l'élu qui s'est félicité de cet « acte de décentralisation ».
« L'Etat n'y a pris que de mauvaises décisions et n'est pas disposé à procéder aux urgences qui se manifestent aujourd'hui », a-t-il ajouté.
« Tous les utilisateurs de la Défense voient dans quel état elle est et s'en plaignent », assure le député selon qui « il faut investir 50 millions par an pendant dix ans ». « On va emprunter ! », n'hésite pas à dire l'élu.
La Défense est « presque entièrement construite, c'est un quartier qui est achevé. Il y a très peu de droit à construire à vendre, donc il n'y a plus de recettes à espérer ».
Quant à savoir s'il dirigera ce nouvel établissement, « la question n'est pas d'actualité. Je suis comme le maire de Nanterre (Patrick Jarry, DVG, ex-communiste). Nous menons le même combat. Je souhaite la décentralisation. Il faut que quelqu'un paye. L'Etat ne veut pas payer. Si les élus payent, alors c'est eux qui décideront, qui paye commande », a ajouté M. Devedjian en reconnaissant avoir « mené le combat contre la gestion déplorable de l'Etat ».
500 entreprises à La Défense
La Défense est un enjeu « vital », c'est le « premier moteur économique de la France et aussi le moteur économique des Hauts-de-Seine », a-t-il rappelé. Premier quartier d'affaires européen, l'espace rassemble en effet 500 entreprises, 180 000 salariés et 3,5 millions de mètres carrés de bureau, mais connaît dans un même temps d'importantes difficultés financières.
Les signaux inquiétants se multiplient depuis quelques années pour la Défense : lancé dans les années 60, le quartier a vieilli et nécessite d'importantes rénovations. L'espace s'est rempli au fil du temps, limitant les nouvelles entrées de droit à construire, tandis que la crise économique a torpillé plusieurs projets de nouvelles tours.
Le changement est donc d'importance pour la vitrine du capitalisme français : à travers l'ex-Epad - devenu Epadesa en 2010 -, l'Etat a pris les rênes de l'urbanisme aux maires pour construire les tours, tout en empochant les recettes des ventes des droits à construire.
Le conseil départemental des Hauts-de-Seine, les communes sur lesquelles sont construites La Défense (Courbevoie, Puteaux, Nanterre et La Garenne-Colombes), la région Ile-de-France et la métropole du Grand Paris seraient alors majoritaires au conseil d'administration, même si l'Etat sera toujours représenté, a-t-on précisé de source gouvernementale.
La répartition des sièges, ainsi qu'une éventuelle transaction liée à l'estimation de la valeur financière de l'Epadesa, restent à déterminer précisément.
C.T (avec AFP)
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