Exceptionnellement réunis à la même tribune, l’Union Sociale pour l’Habitat, l’Association des Maires de France, la Fédération Française du Bâtiment, l’Assemblée des Communautés de France, France Urbaine et la Fondation Abbé Pierre ont tiré la sonnette d’alarme et demandé au gouvernement une politique plus ambitieuse pour le logement, particulièrement pour son versant social.
Affecté par la décision du gouvernement de baisser les APL début 2018 et donc de ses ressources, le secteur du logement social se porte mal. De 120 000 logements produits par an, on pourrait très vite arriver à 65 000/an selon les estimations de la Caisse des Dépôts, soit un total largement insuffisant pour couvrir la demande de logements sociaux. D’autres mesures négatives sont venues s’ajouter à cela, affaiblissant de moitié la capacité d’autofinancement du secteur, selon la CDC. L’accession sociale est aussi touchée, avec la baisse de l’APL Accession, du PTZ …
Le logement social en danger
C’est donc un cri d’alarme que Jean-Louis Dumont, président de l’USH, a poussé. Il a pointé la baisse des ressources des organismes HLM, leur capacité largement affaiblie à produire de nouveaux logements et à rénover le parc existant. Il a rappelé que les acteurs du logement social produisent aussi des logements dits intermédiaires, destinés aux ménages dont les revenus ne leur permettent pas de postuler aux HLM et que ce segment va se trouver aussi touché.
Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, a insisté sur la récurrence du thème du logement dans le Grand Débat National, bien au-delà de la place que le gouvernement lui a accordée. Dans les réunions auxquelles il a assisté « la question du logement revenait sans arrêt » en rappelant que « c’est le premier poste de dépense des ménages modestes » et en ajoutant que « le logement a un impact sur tous les aspects de la vie des ménages, la santé, la réussite scolaire, la ségrégation territoriale l’étalement urbain et donc le transport ... »
La bonne santé du bâtiment menacée
Jacques Chanut, président de la FFB, a rappelé les chiffres que sa propre organisation communique régulièrement. Ceux du quatrième semestre 2018 accusent une forte baisse, avec -7,1% des logements autorisés et -7% pour ceux mis en chantier.
LCA-FFB, qui représente les promoteurs-constructeurs et donc la construction privée, indiquait, il y a quelques jours, que les ventes de maisons individuelles s’étaient effondrées en 2018. Jacques Chanut a aussi mentionné que le secteur de la rénovation est atone et bien loin des objectifs de rénovation, notamment énergétique, de 500 000 logements par an. "
Il faut arrêter de dénigrer systématiquement la politique du logement sous le simple prétexte d'une réduction du déficit budgétaire »a-t-il conclu.
Les collectivités locales inquiètes mais mobilisées
Les représentants des collectivités locales ont rappelé leur rôle dans la politique du logement à l’échelle des territoires et l’importance de celui-ci aussi bien pour les classes moyennes que pour la population aux revenus les plus faibles. François Baroin, président de l’AMF, affirme que « depuis l'affaire des APL, les clignotants sont au rouge. Par exemple Toulouse gagne 4.000 à 5.000 habitants par an. Les besoins en logements sociaux devraient être amplifiés, or c'est tout le contraire qui se produit. »
Jean-Paul Bret, vice-président de l’Assemblée des Communautés de France, a précisé que les 1 000 intercommunalités que fédère l’ACF sont prêtes, « en fonction des spécificités territoriales, à partager avec le gouvernement des objectifs avec des obligations de résultat. »
Des propositions communes dans le cadre du Grand débat
Les six organisations se préparent à une déclaration commune pour peser dans le cadre du Grand débat. Et Jean-Louis Dumont, président de l’USH conclut « Il faut un pacte de construction pour un logement durable et abordable pour toutes les générations, des plus jeunes aux seniors. » Avec la question de la rénovation thermique des bâtiments, l’adaptation de la politique du logement aux spécificités locales et la question plus générale du financement, nos six acteurs ont tout ce qu’il faut pour interpeler le gouvernement et faire entendre leur voix. Nous ne manquerons pas de revenir vers vous dès que le texte sera rendu public.
Régis Bourdot
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