Crise de l’eau à Mayotte : opération canalisation en vue ?
La canicule recule et les mesures de restrictions face à la sécheresse s’allègent peu à peu en France métropolitaine. Ce n’est pourtant pas le cas dans les départements d’Outre-mer.
Mayotte en est un bon exemple, où la production d’eau potable est encore muselée. Les infrastructures présentes sur le territoire sont capables de produire 38 000 m2 d'eau au maximum. Soit moins que les besoins de la population, estimées à environ 40 000 m2 par jour.
Les Mahorais ont le droit depuis des mois à une distribution au « compte-gouttes », fixée à un jour sur trois depuis ce lundi 28 août. Des coupures durant 48 heures toutes les 24 heures ont été annoncées par les autorités.
« Un certain nombre de travaux d'urgence, financés et engagés, sont en cours de réalisation afin d'apporter une amélioration de la ressource d'ici la fin de l'année », a tenu à rassurer Gilles Cantal, préfet chargé de mission « Eau » auprès du préfet de Mayotte depuis juin, à l’occasion d’une conférence de presse le même jour à Mamoudzou.
Déploiement d’osmoseurs et de travaux sur les canalisations
« Il faut tenir le coup jusqu'au mois de novembre », a insisté M. Cantal. Dans cet objectif, des « petits osmoseurs » - appareils capables de désaliniser l’eau de mer et de produire jusqu’entre 60 à 70 m2 d’eau potable - arriveront sur l’archipel « pendant la période la plus sensible, entre octobre et novembre ». À savoir que des solutions de ce type ont été déployées en avril, sans être exploitées « faute d’autorisation ».
Aucune précision n’a été donnée sur le nombre d’osmoseurs bientôt acheminés. Le ministre chargé des Outre-mer Philippe Vigier a toutefois évoqué un investissement de 8 millions d'euros, afin d’installer un osmoseur de grande capacité (1000 m2 d’eau par jour). L’opération devrait se dérouler entre octobre et novembre, sur une plage de l'ouest, pour une mise en service d’ici la fin d’année.
L’attention de l’État se tourne également vers les canalisations. Des travaux sont ainsi prévus pour améliorer la distribution d’eau vers le sud. Des travaux de forage sont en cours, pour identifier de nouvelles sources, mais aussi rechercher des fuites sur le réseau. Selon les chiffres cités par Gilles Cantal, les pertes atteignent un tiers de la production. Des mesures en diapason avec le Plan Eau dévoilé par le président Emmanuel Macron fin mars.
À cela s’ajoute une liaison entre Petite Terre et Grande Terre, les deux îles principales de Mayotte. L’idée est de répartir l’eau de l’usine de dessalement, actuellement en chantier. Dans le futur, le préfet chargé de mission « Eau » auprès du préfet de Mayotte a exposé la mise en chantier d'une deuxième usine de dessalement, à Ironi Bé, au sud de Mamoudzou.
Sans compter le projet de longue date d’une troisième retenue collinaire - réserve artificielle d'eau -, pour lequel des « négociations foncières sont en cours ».
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Virginie Kroun (avec l'AFP)
Photo de Une : Adobe Stock