Amiante dans les écoles : un scandale sanitaire
Un premier article de Libération publié en mars 2019, puis un second du Monde paru ce jeudi 21 novembre lancent l’alerte concernant l’inaction des pouvoirs publics face à l’exposition des élèves et enseignants à l’amiante dans les écoles françaises. Face aux risques sanitaires, certains professeurs n’hésitent d’ailleurs pas à exercer leur droit de retrait.
L’article de Libération cite les résultats d’une enquête menée en 2016 par l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement (ONS) sur un tiers du parc scolaire français. Selon cette étude, 80 % des lycées professionnels, 77 % des lycées généraux et technologiques, 73 % des collèges et 38 % des écoles, contiendraient encore de l’amiante.
Le sujet sensible du Dossier Technique Amiante (DTA)
L’article du Monde note pour sa part que « 88 % des écoles maternelles et élémentaires ont été construites avant 1997, ce qui les rend susceptibles d’abriter des matériaux et produits contenants de l’amiante (MPCA) ».
Or, toujours d’après cet article, de nombreuses écoles n’auraient pas de Dossier Technique Amiante (DTA). Ce DTA, « pourtantobligatoire depuis 2005 pour les bâtiments construits avant 1997 », recense toutes les informations concernant la présence d’amiante après un repérage effectué par un expert. Ce dernier doit être mis à jour, notamment après des travaux et des opérations d’entretien.
Quand il y a un DTA, certains maires ou directeurs d’écoles refusent de donner accès aux informations qu’il contient, certainement pour ne pas inquiéter les parents d’élèves. D’autres n’ont eux-mêmes pas accès à ces informations sensibles qui restent parfois confidentielles.
Autre scandale révélé par Libération : la réalisation de travaux de désamiantage parfois entrepris en présence des enfants et enseignants, les exposant encore davantage aux impacts de l’amiante.
« On peut trouver de l’amiante derrière les murs, dans les faux plafonds, le long des tuyauteries ou dans la colle des dalles des sols. Tant qu’il est calfeutré, il n’y a pas de danger pour la santé. Mais dès que de menus travaux sont effectués, comme percer un mur pour accrocher un tableau, installer une prise ou tirer un câble, si des précautions ne sont pas prises, les fibres d’amiante se retrouvent à l’air libre et sont respirables », explique l’article.
Une enquête pour identifier les craintes des Français
Parallèlement à ces révélations et dans un contexte de suspicions après l’incendie de Notre-Dame et de l’usine Lubrizol, le spécialiste du repérage amiante EX’IM a réalisé une enquête avec Ipsos pour identifier les craintes des Français concernant l’exposition à des polluants. Cette enquête, réalisée par Internet du 11 au 15 octobre 2019 auprès de 1082 personnes, révèle que 4 Français sur 10 ont peur d’être exposés à des polluants. Cette crainte concerne surtout les jeunes (50 % des 16-24 ans) et 51 % des foyers avec des enfants de moins de 18 ans.
Mais concernant l’amiante, l’étude dévoile une certaine inconscience. Dans l’esprit des Français, l’amiante semble être un risque appartenant au passé. Ainsi, près de ¾ des Français pensent ne pas être exposés à un risque amiante, même en cas de travaux réalisés chez eux. Or, selon l’Ademe, il resterait 15 millions de tonnes de matériaux contenant de l’amiante dans les bâtiments français.
A travers cette enquête, on apprend également que 56 % des Français contacteraient en premier lieu leur mairie s’ils pensaient être exposés à l’amiante. De ce fait, EX’IM annonce lancer le Point Conseil Amiante, un site internet et un numéro de téléphone gratuit à destinations des mairies pour répondre à leurs interrogations. Un service qui sera ensuite décliné pour le grand public.
C.L.
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