Une résidence pavillonnaire construite exclusivement pour les gens du voyage
Avec des pavillons bâtis sur des parcelles clairement délimitées et non-extensibles, il espère, dans le même temps, mieux maîtriser l'extension du groupe semi-sédentarisé, notamment lors de la formation de nouveaux foyers. "Quand les enfants se marieront, on les aidera à s'installer, à prendre leur envol, mais il ne pourra pas y avoir de deuxième caravane", précise-t-il.
A l'intérieur des maisons, l'agencement des pièces a été spécifiquement pensé pour cette communauté, "avec buanderie, toilettes et salle de bains accessibles facilement de l'extérieur", explique Martine Sciarli, présidente de l'Association départementale pour la promotion des tsiganes (Adept) en charge de l'accompagnement social du projet. "En conservant les emplacements de caravane, on permet aux familles de garder une certaine mobilité, source de revenus économiques pour une partie d'entre elles qui font les marchés et les foires. On préserve ainsi cette partie de leur culture", poursuit-elle, citant quelques expériences ratées de relogement de familles tsiganes, "dans des immeubles HLM en étages élevés, où ils perdent peu à peu leur culture et dépriment parfois profondément".
Sur place, la communauté des gens du voyage de Rosny-sous-Bois (d'origines manouches, alsaciennes et italiennes) a encore du mal à croire que les maquettes présentées il y a des années deviendront réalité en novembre 2006, lorsque seront livrés les 30 premiers pavillons. Arrivée dans la plaine de La Boissière à 11 ans, Evelyne (prénom modifié) vit sur cette terre depuis 42 ans, et "a tout vu se construire" sur ce qui était autrefois un terrain maraîcher : l'autoroute, le centre Rosny 2, et maintenant l'imposant centre commercial Domus, élevé à quelques dizaines de mètres de sa caravane.
Elle ne boude pas le confort supplémentaire qu'elle va gagner, "je suis bien évidemment contente", reconnaît-elle, même si elle s'inquiète de la petitesse des parcelles où "nous serons collés les uns aux autres", dit-elle.
Avec ou sans maison en dur, cette femme de 53 ans se sent Rosnéenne. "Intégrés, nous le sommes déjà. On vote, on est des citoyens à part entière, estime-elle, précisant que ses "six enfants sont allés à l'école Raspail avec les enfants des gendarmes (du fort de Rosny)".