Grande première chez le constructeur Bouygues. Pour traverser le fleuve Warnow à Rostock (Allemagne) le major des TP a choisi de construire le tunnel (4km) et de le couler ensuite
À Rodstock, en ex-Allemagne de l’Est, les autorités ont confié au groupe Bouygues le chantier d’un tunnel destiné à franchir l’estuaire de la Warnow. Mais, dans une Allemagne où le poids économique de la réunification est encore lourd, ce sont les fonds privés qui ont pris le relais du financement. Economie oblige, le forage était trop coûteux. Mais rien n’arrête le génie des ingénieurs. Partant du principe que ce qui coûte cher, dans la construction d’un tunnel, c’est le forage, il suffisait de supprimer ce poste pour entrer dans les limites du budget du client. C’est ce qu’ils ont fait. Il fut alors imaginé de construire le tunnel dans une darse creusée à proximité, puis de le transporter en surface avant de le couler, comme un simple bateau. Une idée simple mais dont l’élaboration forme un enchevêtrement d’obstacles et des difficultés considérables. Outre la complexité de la méthodologie et les calculs infernaux qu’exige une telle opération, un ennemi redoutable devient omniprésent : l’étanchéité. Une fois fabriqués au sol comme prévu, les caissons ont donc été mis en flottaison, avant d’être coulés et solidement joints les uns aux autres. Une affaire qui en elle-même fut un véritable exploit. Les caissons ne sont pas de simples boîtes. Ils mesurent en effet 119.20 m de long, 22.50 mètres de large, 8.30 mètres de haut, pour un poids de 22 000 tonnes. La continuité de l’ouvrage immergé devrait ainsi atteindre 790 mètres. Le grand défi fut donc celui du positionnement au fond de l’estuaire et de l’étanchéité entre les caissons. Entre les hommes-grenouilles et les ouvriers du BTP, c’est une haute page de la technologie du BTP qui fut élaborée. Dans un environnement où le risque de la submersion était constant, les techniciens de Bouygues ont réussi l’exploit. Tous les caissons sont aujourd’hui posés et reliés à l’aide d’une technique d’étanchéité sur laquelle l’entreprise garde une grande discrétion. Le tunnel bitube va bientôt accueillir l’autoroute BAB19 à 50 mètres sous la surface du fleuve. Encore une fois, les ingénieurs français ont su, comme ils le font souvent, faire reculer les limites de l’impossible.