ConnexionS'abonner
Fermer

Tour Triangle : un début de chantier en toute tranquillité ?

Publié le 10 février 2022

Partager : 

Après 14 ans de contestations, de recours devant la justice, de nouvelles versions de projets et autres tourmentes : le chantier de la tour Triangle a débuté ce jeudi 10 février dans le 15ème arrondissement de Paris. Les opposants au projet, issus à la fois du sérail politique comme associatif, n’ont cependant pas dit leur dernier mot. Ils dénoncent toujours autant la portée douteuse du projet, tant sur le plan écologique que juridique. Une enquête préliminaire vise effet URW, promoteur des travaux, pour une affaire de favoritisme.
Tour Triangle : un début de chantier en toute tranquillité ? - Batiweb

Après moult pour rebondissements, les travaux de la tour Triangle débutent finalement ce jeudi 10 février, pour une fin prévue au 1er trimestre 2026.

A la clé ? Un gratte-ciel de 180 mètres de haut et 42 étages érigé au sein du parc des Expositions à Porte de Versailles (Paris, 15ème). Son envergure la placera, une fois terminée, comme troisième bâtiment le plus haut de Paris, derrière la tour Eiffel et la tour Montparnasse.

Dessinée par l'agence d'architecture suisse Herzog et de Meuron, la bâtisse prévoit d’installer sur ses 92 000 m2 de surface, trois quarts de bureaux, un hôtel de 130 chambres, une crèche et des commerces. Le tout pour un budget total de 660 millions d’euros.

Un projet toujours contesté

 

Sur le papier, le projet fait joli. Pour autant, il aura fallu près de quatorze ans au chantier pour démarrer. Depuis son autorisation de principe règlement d'urbanisme en 2009, le chantier a connu moult embûches. 

Le scepticisme des maires parisiens, l’approbation d’une deuxième version, l’avis favorable de la justice face à multiple recours… La construction menée par le groupe Unibail-Rodamco-Westfield (URW) – promoteur de nombreux centres commerciaux – n’est pas à l’abri des controverses. Et ce aussi bien des associations que des élus locaux de la Ville de Paris. 

Sur Twitter, Philippe Goujon, mairie du XVème arrondissement, s’indignait avec, à l’appui, des photos des travaux préparatoires lancés en décembre : « Arbres abattus, piste cyclable dangereusement déviée sur un passage piéton… La Mairie de Paris balaye à la pelleteuse ses promesses écologiques pour construire une Tour de 15 000 tonnes de béton, de verre et d’acier. Bizarrement, on n’entend plus les écologistes… »

Son reproche est pourtant partagé avec les Verts, chez qui les qualificatifs sur la tour Triangle ne manquent pas : « héritier de l'urbanisme des années 60 » et « économiquement anachronique et hors sol ». Surtout quand on sait que « le développement du télétravail et du co-working a bouleversé l'immobilier tertiaire » et où « plus de 4 millions de m2 de bureaux sont vacants sur le territoire francilien », abondent-ils, en s'inquiètant du bilan carbone que le chantier engendrerait, alors que la France tend à réduire ses émissions de CO2.

Au Collectif contre la Tour Triangle, association d'opposants contactée par l'AFP de constater que pour ce chantier, « il faut 3 à 4 fois plus de béton et d'acier que pour construire un bâtiment très basse consommation respectant les plafonnements parisiens ».

De quoi inciter les Verts à soutenir l’abandon ou le report du projet, lors du vote au Conseil de Paris, jeudi 18 novembre. Vœu qui a été été adopté à 90 voix sur 163 conseillers. Des voix certes symboliques, mais qui reflètent l’opposition conséquente à la construction de la tour Triangle.
 

Le promoteur URW assailli de toutes parts

 

Seule réponse d’URW face à l’ire des écologistes ? Que la tour Triangle sera réversible. Peut-être que les mots manquent au promoteur, à bout de souffle après une fin d’année 2021 houleuse. Il faut dire qu’il avait jusqu’à fin octobre pour signer le bail de construction, « faute de quoi le projet serait remis en question », l’avertissait la mairie de Paris.

D’autant que le groupe cherche à se désendetter. Bien qu’il ait, selon son bilan 2021 présenté ce jeudi, réduit sa dette à 22,6 milliards soit 1,65 milliard de moins qu'en 2020, son chiffre d’affaires chute à 1,72 milliard d'euros (-3,7 %). Sans compter la redevance annuelle de 2 millions d’euros par an que le géant des centres commerciaux devra verser à la Mairie, pour être maître de la gestion du bâtiment sur les 80 prochaines années.

« Nous maintenons un contrôle strict des investissements et des coûts, tout en continuant de développer de nouveaux actifs (...) Parmi ces actifs figure notre projet de bureaux de la tour Triangle à Paris, en partenariat avec AXA IM Alts, dont la construction a commencé », révèle le président Jean-Marie Tritant, dans un communiqué. 70% des parts d'URW dans le projet ont été cédés à l’ensemble de ces actifs. 
  
Cependant, la tour Triangle n’est pas au bout de ses peines, devant de nouveau affronter la justice, après l’ouverture d’une enquête préliminaire en juin. Son promoteur serait visé pour « favoritisme », autour de la concession sur laquelle doit être bâtie cette tour, suscitant depuis longtemps des contestations. 


Virginie Kroun
Photo de Une : Twitter Philippe Goujon
 

Sur le même sujet

bloqueur de pub détecté sur votre navigateur

Les articles et les contenus de Batiweb sont rédigés par des journalistes et rédacteurs spécialisés. La publicité est une source de revenus essentielle pour nous permettre de vous proposer du contenu de qualité et accessible gratuitement. Merci pour votre compréhension.