Reconstruction de Notre-Dame de Paris : où en est-on ?
Ce week-end, la 38ème édition des Journées européennes du patrimoine battait son plein sur le parvis de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Au programme : démonstrations, ateliers, rencontres, conférences… Tout un panel d’animations destinées à dévoiler auprès du grand public la diversité de métiers impliqués dans la restauration du monument.
Les professionnels du bâtiment étaient bien évidemment au rendez-vous, que ce soit le gros œuvre (échafaudeurs, cordistes, charpentiers…), la maîtrise d’ouvrage (architectes, ingénieurs, juristes), ainsi que de la maîtrise d’œuvre (architectes en chef des monuments historiques, architectes du patrimoine). Les métiers d’art et de la recherche ont également répondu présents, dévoilant le travail transversal déployé pour la reconstruction de la cathédrale, ravagée par un incendie en avril 2019.
La phase de sécurisation et de consolidation terminée
Le chantier a fait du chemin depuis, la fondation Notre-Dame, organisme dédié, ayant déjà recueilli 85,8 millions d'euros sur un total de 267,7 millions d'euros de promesses de dons. Des financements potentiellement complétés par un appel de fonds de 5 à 6 millions d'euros lancé par le diocèse de Paris en juin. Cette demande vise à la réalisation d’aménagements intérieurs au sein de Notre-Dame de Paris (mobilier, mise en lumière, son, extension de l'orgue de chœur).
Mais l’événement marquant de cette rentrée et des Journées européennes du patrimoine 2021, c’est la fin des travaux de sécurisation et de consolidation de Notre-Dame de Paris, annoncé ce samedi par l'établissement public chargé de sa restauration.
Lancée au lendemain de l’incendie, cette phase a été achevée « conformément au calendrier fixé », d’après l’établissement public, et ponctuée de nombreuses opérations : démontage de l'échafaudage qui était en place lors de l'incendie, la dépose du grand orgue, chantiers-tests de nettoyage dans deux chapelles, pose de cintres en bois sous les arcs-boutants, déblaiement et tri des vestiges, sécurisation de la croisée du transept…
Pendant ce temps-là, la phase de restauration a été préparée, pour permettre un début des travaux dès de l’hiver prochain. L'établissement public chargé de la restauration de Notre-Dame s’apprête même à lancer des appels d’offres de travaux, en vue d’une sélection des entreprises participant au chantier. En outre, « une campagne de nettoyage approfondi des murs intérieurs et des sols de la cathédrale débute ce mois-ci », annonce l’intéressé.
60 chênes sortis pour la reconstruction
La progression de la restauration de Notre-Dame s’accompagne d’un don, jeudi dernier, de 60 chênes, par l’Agence des espaces verts (AEV) de la région Île-de-France. Avec un diamètre d’environ 110 centimètres et une hauteur 35 mètres du pied à la cime, ces troncs, marqués à l’effigie de Notre-Dame, sont pour une partie bicentenaires. lIs seront donc de taille pour refaçonner la charpente et la flèche du monument, et complèteront l’enveloppe de 10 millions d’euros accordée par la région Île-de-France.
La plupart des chênes mobilisés proviennent de la forêt régionale de Ferrières, en Seine-et-Marne (77). Avant d’être manipulées par les compagnons-charpentiers de Notre-Dame, les essences devront passer entre les mains de marteleurs, éhoupeurs, élagueurs, abatteurs, débardeurs…
Anne Cabrit, présidente de l’AEV d’Île-de-France commente : « Grâce au savoir-faire des agents de l’AEV et de nos partenaires, le patrimoine naturel vient au chevet du patrimoine culturel ». Au chevet du patrimoine culturel, mais aussi du circuits courts et démarches environnementales, d’ailleurs au cœur la Stratégie régionale pour la Forêt et le Bois adoptée par le Conseil régional.
Malgré un bon avancement, la reconstruction de la cathédrale ne se fera pas en cinq ans, comme l’avait promis Emmanuel Macron. Le monument doit toutefois être rendu au culte pour le 16 avril 2024, jour où doit être de nouveau célébrée une messe dans la nef, d’après les annonces en décembre dernier du général Jean-Louis Georgelin, président de l'établissement public chargé de reconstruire la cathédrale.
Ce dernier estime le monument « sauvé », tout comme le recteur de la cathédrale, Patrick Chavet, qui s’est réjouit samedi sur France Info de bientôt « découvrir des fresques qu'on ne voyait plus à cause de l'usure du temps » et « retrouver la blancheur de la pierre d'il y a 850 ans, ça va transformer l'atmosphère de la cathédrale ».
Virginie Kroun
Photo de une : AEV