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Que pensent les architectes du confort thermique ?

Publié le 24 février 2023

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Le confort thermique dans le bâtiment est un sujet d’actualité. La France connaît de plus en plus souvent des épisodes de températures extrêmes. Le secteur de la construction doit donc relever le défi d’offrir aux usagers l’agrément d’avoir une température constante à l’intérieur du bâti. Comment s’y prennent les architectes pour répondre aux divers enjeux en phase de conception des projets ? Quelles techniques utilisent-ils ? Plusieurs professionnels nous racontent leurs expériences.
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Il existe plusieurs aspects du confort thermique, le confort hivernal, mais aussi estival, devenu depuis peu une véritable exigence. Les champs du confort thermique sont très larges, ils englobent la conception et la réalisation d’un projet, et changent selon l’état du bâti. Un bâtiment neuf et un autre en réhabilitation ne peuvent pas utiliser les mêmes procédés, bien qu’au final le résultat semble identique. À chaque réalisation, son lot de technicité et de solutions que les professionnels du bâtiment mettent en œuvre pour aboutir à des résultats optimaux.

Maison du Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine de Guinée*Potin. Crédit photo : Philippe Ruault


Le confort thermique dans les nouvelles constructions


Quand on évoque le confort thermique, on pense tout de suite aux constructions bioclimatiques, aux matériaux biosourcés et géosourcés. En effet, la réalisation bioclimatique, permet, dès sa phase de conception, d’étudier les divers aspects de la construction en fonction du climat, avec pour objectif une réduction considérable des besoins énergétiques, mais aussi de ventilation et d’éclairage. Il s’agit donc d’un procédé qui ajuste certains critères pour améliorer le confort thermique d’un bâtiment, tout en limitant les consommations énergétiques. Anticiper les problèmes faisant partie du travail de l’architecte, ce dernier se doit donc de tout mettre en œuvre pour engendrer des réalisations où il fait bon vivre, à la fois confortables et convenables.


L’agence d’architecture Guinée*Potin, établie à Nantes, met, depuis longtemps, un point d’honneur à l’importance du confort des usagers. En effet, les architectes ne cessent de s’interroger sur les différentes techniques pour améliorer le bien-être de tous. En 2005, ils ont travaillé avec une maîtrise d’ouvrage très exigeante en la matière sur la maison du parc naturel Loire-Anjou-Touraine, un projet où ils ont utilisé du tuffeau massif, une matière locale, une isolation en laine de chanvre, et des ossatures et charpentes en bois. Tous les matériaux sont donc biosourcés/géosourcés. Mais sans oublier les principes fondamentaux d’une architecture bioclimatique, c’est-à-dire des fenêtres orientées vers le sud, placées en retrait de la façade pour qu’elles soient abritées du soleil. Depuis, le duo n’a cessé de s’interroger aux diverses questions environnementales, et leur impact sur les usagers. Ainsi, plusieurs techniques ont été utilisées pour parfaire leurs réalisations et les adapter au mieux aux différents changements climatiques. « On s’appuie sur le bon sens et sur la tradition vernaculaire jetée aux orties à l’époque moderne », expliquent les architectes, qui utilisent dans leurs projets des ouvertures adaptées aux orientations. Donnons par exemple l’ensemble de logements labellisés passivhaus qu’ils ont conçu pour la commune d’Orvault (44), où ils ont opté pour des parties communes extérieures, une pratique pour économiser de l’énergie, surtout pendant la saison froide. De même, dans leur projet du Beautour, situé à La Roche-sur-Yon, les architectes ont utilisé des murs de 45 cm d’épaisseur, une technique qui a dû surprendre plus d’un, mais qui se révèle être très intéressante pour le confort d’été

Logements à Trilport de Benjamin Fleury. Crédit photo : Benjamin Fleury


L’architecte Benjamin Fleury qui a réalisé plusieurs projets résidentiels nous précise que traditionnellement, il utilisait du polystyrène pour isoler les murs de ses projets. Une solution aujourd’hui abandonnée dès que cela est possible pour se tourner vers des procédés plus vertueux. En effet, l’architecte se dit très préoccupé par les solutions ravageuses pour la biodiversité. De fait, il préfère des constructions hybrides, capables d’assurer le confort des usagers. Notons par exemple le projet résidentiel de Corbeil-Essonnes en ossature bois, où l’isolation se fait à travers des matériaux biosourcés comme la ouate de cellulose. L’agence réalise également un autre projet à Trilport, où l’architecte croise le béton en structure avec le béton de chanvre en façade. Une opportunité car une coopérative de chanvre se trouve à proximité de la commune. Ainsi, les graines de chanvre sont utilisées dans l’alimentation, les petites fibres sont destinées aux composantes de l’industrie automobile, et les grandes fibres à la construction. L’architecte admet que le coût du béton de chanvre est plus élevé que d’autres matériaux, mais que le rendement énergétique reste meilleur. Avec l’utilisation de matériaux biosourcés, la sensation du bien-être est améliorée, et le confort des usagers aussi.


Le confort thermique dans les réhabilitations


Les projets de réhabilitation nécessitent en général des interventions lourdes pour aboutir à des normes exemplaires. Concernant le confort thermique, les architectes redoublent d’attention et ont recours à certains procédés innovants pour parvenir à des projets vertueux. Les architectes de Guinée*Potin ont par exemple eu recours à des brise-soleil orientables, et des bureaux fortement isolés concernant la réhabilitation de la Brasserie Saint-Hélier, située à Rennes, alors que le client voulait du béton et de la climatisation. Les habitudes ont été donc révisées, et les nouvelles techniques bien acceptées.

La Tour First à La Défense de SRA Architectes. Crédit photo : Jared Chulski 


Dans une échelle complètement différente, et pour des projets de grande envergure, surtout dans le tertiaire et le retail, nous avons sollicité les architectes Clémence Saubot et Baptiste Rouit, qui font partie de l’équipe de l’agence SRA architectes, établie à Châtillon. Les architectes, habitués depuis longtemps à intervenir sur des immeubles de grande hauteur, soulignent que le processus du confort thermique fait partie intégrante de la conception architecturale dès le départ. Par ailleurs, ils précisent que les réglementations ont beaucoup évolué depuis vingt ans, et l’agence ne cesse de chercher de nouveaux procédés, surtout sur l’enveloppe du bâtiment, pour assurer le confort thermique des usagers. L’agence, qui avait recours à l’utilisation de la double-peau ou du triple vitrage, change de procédés, pour engendrer des bâtiments qui consomment moins. Par ailleurs, les architectes précisent que la réglementation concernant les immeubles de bureaux et le tertiaire est déjà très stricte en matière de consommation d’énergie, et l’agence applique toujours les dernières recommandations en termes d’économies d’énergie.

Challenger, Le siège de Bouygues à Guyancourt de SRA Architectes


Il est judicieux de préciser que SRA architectes avaient déjà mis tout en œuvre sur des projets anciens comme le siège de Bouygues, Challenger, où ils avaient entamé une réhabilitation lourde, tout en mettant un point d’honneur à la durabilité. En effet, les architectes avaient élaboré des solutions concernant les façades, où ils ont remplacé les parties vitrées par des double-peau avec une lame d’air, une technique qui assure un véritable confort thermique. Ils ont également eu recours à la géothermie, mais aussi à des stores à actionnement centralisé qui se mettent en place selon le cycle du soleil. Mais toutes ces méthodes ont un coût, et les architectes se tournent aujourd’hui vers des solutions qui permettent de réduire l’apport solaire et d’assurer la ventilation naturelle, tout en étant économiquement compétitifs. Néanmoins, concernant les projets de grande envergure, l’absence de la climatisation n’est pas à l’ordre du jour, bien que les architectes de SRA trouvent l’idée très intéressante et expérimentent les recherches dans ce sens. Leur proposition serait de continuer à travailler avec les différents acteurs pour développer des solutions crédibles et d’avancer vers un confort thermique maximal. Un vœu qui sera probablement exaucé vu l’avancement rapide des réglementations.

 

> Consulter le dossier spécial Confort Thermique

 

Sipane Hoh

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