La résidence Ginkgo, un manifeste écologique
Lauréate aux Trophées du Bâtiment Passif 2024 dans la catégorie « Projet Collectif neuf », la résidence Ginkgo réalisée par Cédric Petitdidier et Vincent Prioux prend place sur une parcelle originale, adopte le lieu et se scinde pour s’ouvrir vers le cœur de l’îlot.
C’est un travail savamment élaboré qui démontre un véritable savoir-faire mettant en diapason diverses résolutions. Sur un ensemble urbain qui porte la prestigieuse signature de Christian de Portzamparc, l’agence PPX hérite d’une parcelle stratégique qu’elle aborde avec justesse.
Un ensemble architectural qui se fond dans le décor
Dans leur geste architectural, les architectes optent pour la découpe des volumes dont résulte une émergence sur la rue principale ainsi qu’un second édifice plus bas et à gradin côté jardin. Un double langage ainsi qu’une expression équivoque qui parle au paysage environnant dominé par l’impressionnant massif de la chartreuse.
De même, une attention particulière a été donnée au choix de la colorimétrie. Cédric Petitdidier nous explique que la résidence Ginkgo adopte trois couleurs dominantes dont le blanc qui fait un clin d’œil à la neige omniprésente sur les montagnes alentours, le vert grisé de la montagne que l’on trouve également dans l’eau des rivières et la couleur du bois plus chaleureuse qui arbore les toitures des maisons environnantes. Il s’agit d’éléments de composition qui ont guidé la confection de cette pièce remarquable.
Le confort thermique comme exigence
Dès le départ, le souhait du maître d’ouvrage était d’avoir un bâtiment passif. Pour les architectes, il s’agissait d’un élément important à prendre en considération dès la phase de la conception. De plus, il s’agissait d’un challenge pour pouvoir aborder la question de durabilité à travers l’écriture architecturale, un défi relevé avec brio par les fondateurs de PPX qui se sont concentrés sur les fondamentaux et ont trouvé à travers leur geste des réponses adéquates qui hissent le projet vers le label d’exigence.
Il en résulte d’un projet capable d’interagir avec la ville en tant qu’élément d’urbanité. La tour de dix étages au programme mixte composée de bureaux et de logements privilégie le confort qui va au-delà d’un simple confort thermique, grâce à sa double peau à la fois horizontale avec les dalles et verticales avec les poteaux pour masquer même le rayonnement bas du soleil. Cette façade qui ne s’échauffe pas ou le moins possible, en plus du dispositif technique comme l’isolation par l’extérieur renforcée, comprend une peau en bardage de teinte gris-vert et ne laisse plus la place aux ponts thermiques. Doté ainsi d’une bonne inertie, le bâti peut s’accorder de grandes fenêtres qui assurent aux intérieurs une grande luminosité.
La climatisation est absente du projet, néanmoins, les architectes ont prévu qu’en cas de besoin, les habitants peuvent s’aider par la géothermie pour refroidir l’édifice. Un système de chauffage assuré par une pompe à chaleur sur la nappe phréatique, et un système de rafraîchissement passif « free cooling », pour rafraîchir les logements ainsi que les bureaux, complètent l’arsenal technique qui propulse l’ensemble vers la certification PassivHaus.
Un projet mené avec et pour des entreprises locales
Les deux bâtiments qui composent un ensemble à la fois élégant et harmonieux proposent des logements connectés de diverses tailles dotés de balcons ou de larges terrasses qui octroient à tous les habitants une vue panoramique sur les environs. Les intérieurs sont à l’image de l’extérieur, réalisés avec la plus grande précaution pour le confort de tous.
Outre les logements qui ont trouvé rapidement preneurs, le bâtiment accueille les équipes Edifim Grenoble autrefois installées à Meylan. Ainsi, le maître d’ouvrage a choisi de s’installer dans des locaux habilement conçus et réalisés par PPX. Notons par ailleurs que Petitdidier et Prioux ont été épaulés pour la phase de la réalisation par l’agence d’architecture A3 établie à Grenoble. Des entreprises locales ont aussi apporté leur pierre à l’édifice il s’agit donc d’un projet très vertueux de tout point de vue. Une architecture de caractère qui participe à valoriser le quartier où elle se trouve. « C’était une très belle expérience », conclut Cédric Petitdidier.
Sipane Hoh
Photo de une : Sergio Grazia