Première mondiale chez les démolisseurs
L’immeuble, entièrement vidé des éléments sans amiante comme les balcons où les garde-corps furent entièrement recouvert d’une bâche en géotextile lourd, un matériau aux propriétés étonnantes lui permettant de laisser passer l’air en gardant les poussières et possédant un très fort coefficient d’allongement avant rupture. Les extrémités de la bâche furent, sur tout le périmètre du bâtiment, enterrées à 5 mètres sous le sol. Une fois enveloppé, comme un cadeau géant et parfaitement étanche, restait à remplir l’ouvrage. A l’aide de 18 générateurs de mousse, l’immeuble fut complètement noyé d’une mousse constituée de 96% d’eau et d’un adjuvant. Ce mélange, véritable piège à poussière, avait également pour mission d’étouffer l’onde de choc et le bruit. La mise à feu simultanée des 2 400 détonateurs reliés aux 100 Kg d’explosifs placés dans les fondations de l’immeuble donna lieu à une superbe implosion de six secondes. Bien que le choc fût loin d’être aussi violent qu’une explosion classique, le grondement et les vibrations firent penser à un tremblement de terre. La bâche sous la pression se gonfla comme un ballon avant de retomber comme un soufflet. Opération réussie ! Les capteurs de poussière installés autour de l’ouvrage ne révèleront qu’une teneur dans l’air de 0 à 2 fibres par litre soit une norme très inférieure à la règle. Restait l’épineux problème de l’évacuation des déchets. Une tâche qui fut confiée à des spécialistes, les techniciens de l’entreprise Loroy Objois Lafon. Ceux-ci mirent en place un plan d’évacuation des 10 000 tonnes de déchets vers des décharges de classe 3 à l’aide de sacs étanches pouvant contenir 6 à 8 tonnes de matériaux dangereux. Cette implosion-démolition hors du commun fut la première d’un genre qui devrait bientôt devenir la règle dans une Europe où l’amiante reste encore un vrai problème.