Le pont qui ne voulait pas mourir
Le pont désormais dénommé Ludendorff ne fut miné qu’en 1938… par les troupes belges, et sans succès ! Le système était pourtant réputé infaillible et l’allumage des détonateurs était régulièrement testé. Malgré les bombardements alliés en tout genre qui ne manquèrent pas d’intervenir en 1943-1944, ce pont était toujours debout en 1945. Il fut l’un des ouvrages les plus bombardés par tous les belligérants durant la guerre. Ce n’est que le 7 mars 1945, alors que les “ carottes étaient cuites ” pour l’Allemagne nazie que les Allemands décidèrent une fois pour toute de faire sauter le pont. L’ordre arriva, l’artificier appuya sur le détonateur et… rien ne se produisit ! Le pont était toujours debout. Un volontaire, pas forcément très volontaire, fut désigné pour allumer les charges manuellement. Ce qu’il fit. Les charges sautèrent, le tablier du pont se souleva de plusieurs mètres et… retomba intact au même endroit sur les piliers. Le volontaire fut jugé responsable et exécuté. La 9ème division américaine arriva sur ces entrefaites et s’empara du pont. Les officiers allemands responsables de sa perte furent à leur tour exécutés ! Dans le même temps, après quelques réparations d’usage, les troupes alliées passèrent en Allemagne car, comme nous le disions plus haut, ce pont était véritablement stratégique. Il demeurait l’un des rares points de passage sur le Rhin. Les Allemands n’ayant pas prévu initialement, semble-t-il, que l’invasion pouvait se faire dans l’autre sens. Mais les ils ne désarmèrent pas pour autant et dix jours plus tard, les charges explosives et les bombardements de la Luftwaffe eurent enfin raison de ce pont qui s’enfonça lentement dans le Rhin. Voué dès sa naissance à être détruit, le pont de Ludendorff ne fut jamais reconstruit. Ses vestiges encombrent encore aujourd’hui le fond du fleuve.