L’addition donne le tournis… Après l’explosion de l’usine AZF, l’ardoise ne cesse de s’alourdir. La ville sinistrée sera pendant trois ans le plus gros chantier de France.
Plus de cinq mois après l’explosion de l’usine AZF, et même si l’estimation n’est pas encore définitive, on commence à se faire une idée de l’ampleur des dégâts. Alors que 7 000 logements ont déjà bénéficié d’une intervention d’urgence, plus de 15 000 appartements sont encore considérés comme quasiment inhabitables. De surcroît, une partie de ces immeubles, dont l’explosion a ébranlé les structures, seront à reconstruire intégralement. La facture dans ce domaine - estimée à 800 millions d’euros - ne sera pas la plus lourde. En effet, c’est la reconstruction des bâtiments publics qui devrait pour sa part mobiliser le plus de travaux et d’argent. Pour la seule ville de Toulouse, ce ne sont pas moins de 189 crèches, écoles, lycées, gymnases ou équipements sociaux qui nécessitent de très importantes interventions, voire, dans de très nombreux cas, une reconstruction complète. Ainsi, trois des plus importants lycées de la ville - Galliéni, Françoise et Déodat De Séverac - seront intégralement rebâtis. A ces trois grands lycées il faut ajouter le pôle universitaire, dont par exemple l’IUT de génie chimique a été complètement soufflé par l’explosion. Dans le secteur des équipements sociaux, même constat. Outre des dizaines de gymnases, ce sont des hôpitaux entiers qui, comme l’hôpital Marchant situé juste en face de l’usine AZF, devront être reconstruits. Le bilan touche également des centaines d’entrepôts et de locaux d’entreprises dont le recensement n’est pas encore terminé. Avec une estimation actuelle approchant le milliard d’euros, la ville de Toulouse prend largement la tête des plus gros chantiers pour les trois prochaines années. Pour faire face à la reconstruction, la ville rose aspire aujourd’hui, tel un trou noir, toutes les entreprises de BTP dans un rayon de 300 Km. Une offre qui vient au mauvais moment car la région mobilise déjà, avec les chantiers liés à la route du nouvel Airbus et au viaduc de Millau, des dizaines d’entreprises. Après le lancement en urgence des premiers appels d’offres, c’est de toute la France, voire de l’Espagne et de l’Italie, que commencent à affluer tous les corps de métiers. Pendant au moins trois ans, Toulouse et ses environ vont ainsi prendre l’allure d’un immense chantier, dont on ne sait pas encore à qui sera adressée la facture finale.