Nouveau Carreau du Temple : quand l'authenticité épouse la technicité
Difficile alors d'imaginer que derrière cette cloche de verre témoin d'un autre temps se cachent des solutions techniques de pointe. Et pourtant. Si les menuiserie sont omniprésentes dans l'habillage intérieur, selon le souhait de l'architecte lauréat du projet de réhabilitation, Jean-François Milou, certaines d'entre elles intègrent de manière aussi judicieuse que discrète des vitrages pare-flammes et coupe-feu. L'occasion pour deux corps de métier d'allier leur savoir-faire.
« Pour faire des châssis vitrés pare-flammes, il est nécessaire que le vitrage possède certaines caractéristiques » confirme Bertrand Gintz, PDG de Prodesign, spécialisée dans la fabrication de mobilier en bois, l'agencement, la pose et la rénovation de parquet. Et Christophe Guillot , son homologue de Pyroguard, spécialisée dans la production de verres résistants au feu de poursuivre : « les verres coupe feu et pare flamme doivent être certifiés. La certification donne la taille des produits qu'on peut utiliser et les châssis sont décrits de manière très détaillées. Tout doit être alors respecté car c'est un ensemble qui est testé.» Selon lui, « la principale difficulté de ce type de verre, est d'aboutir à un produit transparent assimilable à un verre normal.»
Des « contraintes d'amortissement acoustiques drastiques »
Mission accomplie pour le nouveau Carreau du Temple qui dénombre aujourd'hui pas moins 56 châssis autour des bureaux, 80m² de verre coupe-feu, 120m² de pare-flammes et 45m² d’amortissement acoustique.© A. LG
Outre les mentions du cahier des charges liées à la sécurité et notamment au feu, il a également fallu composer avec des « contraintes d'amortissement acoustique drastiques » pour réhabiliter cet élément patrimonial du Haut-Marais, souligne pour sa part Jean-Francois Lassiaz, directeur des ventes France chez Pyroguard. « Pour atteindre les 45 à 48 db exigés dans le cahier des charges, il a fallu doubler le vitrage coupe-feu, avec un vitrage sonore.»
Et pour cause, le nouveau Carreau du Temple abrite au sous-sol des studios d'enregistrement, des salles de réunion mais aussi des espaces dédiés à la pratique des arts-martiaux, aux disciplines de relaxation et de bien-être mais aussi à la danse et aux cultures urbaines, avec entre autre, deux salles habillées de bois, d’une superficie de 335 m2.
2,3 millions d'euros de menuiseries
« Pour nous c'était un chantier formidable car il y a du bois partout, rappelle Bertrand Gintz, PDG de Prodesign.« Il s'agissait de conserver la structure métallique. Et à part ça, en réalité tout est en bois. Le matériau est à ce point important qu'il a été divisé en trois secteurs dans la phase de rénovation : le parquet, l'habillage intérieur et l'ossature externe » ajoute-t-il, précisant que l'enveloppe allouée au seul segment menuiserie s'élève à 2,3 millions d'euros. Parmi les essences utilisées pour la rénovation de cet édifice à l’architecture aérienne, comptent notamment le chêne qui a servi à l'habillage intérieur, le moabi ou encore le bossé qui avec une densité de 800 kg au m3 environ, a la caractéristique de rentrer dans le PV du coupe feu.
© A. LG
« Le nouveau Carreau du Temple est très réussi en terme de concept, assure Bertrand Gintz. J'ai eu l'occasion de visiter les lieux un certain nombre de fois et les gens semblent à chaque fois conquis.» Si les habitants du quartier ont du s'armer de patience avant de voir aboutir ce chantier, retardé un temps en raison de fouilles archéologiques, le résultat réunit sans nul doute les arguments nécessaires à leur consolation.
A. LG
© Fernando Javier Urquijo/studioMilou architecture