MaPrimeRénov’ : le CNOA s’inquiète du retour des rénovations monogestes
Alors que la réforme de MaPrimeRénov’ annoncée à compter du 1er janvier 2024 impose des rénovations globales pour les passoires énergétiques, le gouvernement reviendrait-il en arrière ?
Quelques jours après les annonces concernant la réforme de MaPrimeRénov’, la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) et la Fédération Française du Bâtiment (FFB) avaient déploré la fin de la rénovation par geste, craignant que les particuliers ne soient découragés par des obligations de travaux d’ampleur et le coût induit, et qu’ils ne délaissent les travaux de rénovation énergétique.
La FFB regrettait notamment des situations de non-sens, par exemple l’obligation pour certains ménages de réaliser des travaux de chauffage pour pouvoir bénéficier des aides à l’isolation, même pour des ménages ayant déjà fait changer leur chaudière il y a moins de 5 ans.
Le gouvernement ouvert à des simplifications
Le 15 février, la CAPEB et la FFB rencontraient Christophe Béchu, ministre de la Transition énergétique, et Guillaume Kasbarian, le nouveau ministre délégué au Logement, pour tenter de simplifier les conditions d’accès à MaPrimeRénov’, devenues trop complexes selon les professionnels du bâtiment.
À l’issue de cette rencontre, les présidents des deux fédérations étaient ressortis satisfaits. Parmi les points d’accord : le fait de simplifier le label Reconnu Garant de l’Environnement (RGE), notamment pour les petites et moyennes entreprises, de limiter l’obligation de recourir à un Accompagnateur Rénov’ pour les subventions les plus élevées, ou encore de lever les restrictions de financement pour les gestes de rénovations « simples et efficaces ».
Des évolutions au détriment des rénovations globales et des MAR ?
Ce 28 février, le Conseil National de l’Ordre des Architectes (CNOA) s’est inquiété d’un potentiel revirement de la part du gouvernement, qui envisagerait de « redonner la priorité aux monogestes dans les aides à la rénovation ».
« Le CNOA s’étonne de cette position de court terme qui engage une dépense publique importante aux résultats discutables et qui n’apporte pas l’efficacité énergétique souhaitée », a-t-il estimé.
Et d’ajouter : « Les annonces de la poursuite du financement des monogestes de rénovation, au détriment des rénovations globales performantes sont à même de compromettre l’objectif de neutralité carbone fixé au secteur du bâtiment par le gouvernement à l’horizon 2050 ».
L’Ordre des Architectes craint par ailleurs que le recours à un Accompagnateur Rénov’ ne soit plus obligatoire : « L’accompagnement par un tiers de confiance est nécessaire pour s’assurer de la qualité des travaux et recentrer sur la garantie de performance de l’enveloppe du bâtiment », plaide-t-il pourtant, tout en affirmant rester à la disposition du gouvernement pour « l’accompagner dans sa réflexion sur l’évolution du dispositif MaPrimeRénov’ ».
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock