La Maison de la Radio veut à nouveau rayonner sur Paris
« Avant les travaux, le visiteur non aguerri se sentait totalement désorienté et avait du mal à comprendre le fonctionnement du bâtiment. Le visiteur restait uniquement en périphérie, sans aborder le bâtiment dans son intériorité », se souvient Jean François Bonne, l'un des douze architectes d'AS. Architecture-Studio, lauréat de la consultation internationale lancée en 2005 pour le projet de restructuration de l'ensemble de la Maison de la Radio à Paris.
L'objectif est alors de redonner une unité d'ensemble en réorganisant l'ensemble des circulations tout en améliorant la lisibilité des espaces, sans pour autant porter atteinte à l'image du bâtiment (conformément aux exigences de l'Architecte des Bâtiments de France) ou gêner le travail de ses occupants.
Afin de relier efficacement le centre du bâtiment à sa périphérie, les architectes ont implanté au coeur de l'édifice un espace commun fédérateur : l'agora. Cet espace regroupe une cafétéria, un lieu d'expositions temporaires et un studio de radio ouvert.
La Nef, nouvel axe de circulation
Cette agora est reliée au grand hall actuel par un nouvel axe de circulation : la Nef, créée grâce aux surfaces libérées par la déconstruction de l'ancien studio 103. « Cette nouvelle circulation permet d'innerver l'ensemble du bâtiment et de proposer aux visiteurs des parcours diversifiés. Le Nef offre depuis l'entrée une vision et une porosité de l'intérieur du bâtiment qu'il est désormais possible de traverser jusqu'au parvis et son parking souterrain de plus de 700 places », détaille Jean François Bonne.
La Tour, qui abritait autrefois les archives de Radio France, accueille désormais des espaces de travail amples et spacieux avec des bureaux, des mezzanines et des salles de réunion. Du côté des nouveaux studio de production et d'antenne, le choix s'est porté sur une architecture d'imbrication, des « boîtes dans des boîtes », pour des raisons acoustiques.
Enfin, le Studio 104 d'une capacité de 840 places est désormais une salle de concert polyvalente destinée à accueillir tout types de musiques. La réhabilitation de cet espace a porté plus précisément sur la mise aux normes, l'accessibilité, la création du gradin des choeurs et l'amélioration de l'acoustique.
Une salle symphonique digne de ce nom
Mais la pièce maîtresse du projet de restructuration de la « maison ronde » est sans conteste le Grand auditorium. « Ce projet émane du désir du public d'avoir enfin une salle de concert digne de ce nom à Paris alors que les salles conçues spécifiquement pour la musique sont pour l'heure inexistantes », tacle Jean François Bonne.
Vue de la scène depuis les gradins et emplacement du futur orgue
L'objectif est de créer une « salle symphonique de renommée internationale » et pour cela, les architectes ont fait appel à l'un des maîtres de l'acoustique, Yasu Toyota de la société de conseil en acoustique Nagata Acoustics.
« Dans un lieu contraint, nous avons voulu placer la musique au centre et répartir les gradins en vignobles. Ainsi la salle s'est davantage développée à la verticale avec des balcons qui se superposent les uns sur les autres », précise Jean François Bonne. Les 1461 places de l'auditoire sont ainsi répartis autour de l'orchestre dans des petites corbeilles qui enveloppent le public pour donner au lieu un côté intimiste, tout en gardant la proximité avec la scène qui n'est jamais loin, à 17 mètres environ.
Une grande marqueterie de bas relief
La scène d'une taille comparable aux plus grandes scènes actuelles (22 m de large pour 15 m de profondeur) est composée de 18 tables élévatrices modulables permettant différentes configuration d'orchestres.
Un grand réflecteur acoustique en bois, en forme de lentille ovoïde dit « canopy » est suspendu à 14,50 mètres au dessus de la scène et renvoie les sons vers les musiciens et les spectateurs.
Les parois de la salle se décomposent également en plusieurs facettes dont les lignes sombres se prolongent à l'infini. Mais l'oeil sera irrémédiablement attiré au centre avec cette scène dont le bois, du pin non traité, sera la seule tache claire de l'ensemble.
Les balcons combinent plusieurs essences à la manière d'une grande marqueterie de bas relief
Plusieurs essences sont ici combinées (hêtre, bouleau, merisier) à la manière d'une grande marqueterie de bas relief, jusqu'au plafond en écailles équipé d'un éclairage indirect.
Enfin, dans l'axe de la salle, au dessus du gradin des choeurs, les parois de bois s'entrouvrent pour faire apparaître un orgue monumental conçu par Gerhard Grenzing.
La fin des travaux est prévue en 2017 mais la salle symphonique sera inaugurée en novembre cette année.
Quelques chiffres60 000 m2 de locaux réhabilités |
Claire Thibault
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