L’agence Coldefy missionnée pour la rénovation du Parlement Européen
Pour Thomas Coldefy, devenir architecte n’était pas un évidence, bien que la vocation soit une affaire de famille, avec un père qui détenait son cabinet d’architecture.
« J’ai commencé par faire une année de droit avant de me lancer dans l’architecture. J’ai été influencé par le parcours d’études de ma sœur qui elle aussi est architecte. J’ai eu envie de faire un métier axé autour de la créativité et puis la culture : inventer des projets qui ont un dialogue avec la ville, avec la société, avec le paysage, qui établissent un lien entre milieu urbain et milieu naturel... », nous confie-t-il.
Guidé par toutes ces envies, Thomas Coldefy ressort diplômé de l’École spéciale d’architecture en 2002.
Un travail centré sur le voyage et l’ouverture
Son diplôme en poche, Thomas Coldefy travaille pendant deux ans à l’agence parisienne d’architecture et d’urbanisme SCAU, avant de s'envoler vers New-York. Là-bas, l’architecte s’exerce de 2004 et 2006 au sein du cabinet Kohn Pedersen Fox, mais surtout il rencontre Isabel Van Haute, consoeur d’origine belge.
Ensemble, les architectes retournent à Lille, non loin de leur ville natale, et y fondent l’agence Coldefy & Associés Architectes Urbanistes. Ce retour aux sources ne signifie cependant pas l’arrêt du voyage et de l’ouverture vers le monde.
« Quand on a démarré notre activité avec Isabel, on a essayé de regarder des appels d'offres internationaux, parce qu’on a goûté à ça en tant qu’architectes à New-York », explique Thomas Coldefy.
Le Xi’an International Football Center, l’Institut de design de Hong-Kong, l’International Conference Centre à Ouagadougou, le Lake 11 Masterplan à Budapest, ou bien le Pulse National Museum & Memorial à Orlando, le projet de serre tropicale sur la Côte d’Opale : les projets de l’agence tendent à montrer que l’architecture était capable de « dépasser les frontières ».
À tel point qu’aujourd’hui son agence compte une antenne à Paris, mais aussi une deuxième à Hong-Kong, et une troisième à Shanghai. « Ce qu’on trouve très intéressant aujourd’hui avec du recul, c’est pour notre agence, la culture de notre agence, d’avoir un double regard, à la fois d’être ancré dans le local, le côté terre à terre de là où on vit, et aussi d’avoir la capacité, à travers des projets qu’on a remportés à l’étranger, d’être en veille permanente sur ce qui se fait à l’extérieur... », développe l’architecte.
La rénovation du Parlement européen, un projet pensé en groupe
Cet esprit d’ouverture et d’aventurier a sûrement beaucoup aidé l’agence Coldefy & Associés Architectes Urbanistes à remporter le premier prix du concours pour la rénovation du Parlement européen.
Pour recontextualiser, le projet consiste à reconstruire ou rénover le bâtiment Paul-Henri Spaak qui abrite l'hémicycle du Parlement européen à Bruxelles. « C’est un bâtiment qui date des années 1990, qui fait à peu près 90 000 m2 ».
Le maître d’ouvrage a également souhaité à ce que « d’ici 2022, le visage du Parlement soit beaucoup plus intégré dans la vie urbaine, et aussi dans l’ouverture démocratique européenne, parce qu’aujourd’hui c’est un bâtiment qui est un peu fermé et pas du tout en lien direct avec la ville, et qui a une image très peu environnementale. Le bâtiment est en bordure d’un très beau parc : le parc Léopold II à Bruxelles. Mais il n'y a pas du tout de porosité », abonde Thomas Coldefy.
Autre question abordée par l’institution européenne : doit-on miser sur une reconstruction du Parlement, ou bien une rénovation avec le réemploi des matériaux ? Autant de questions auxquelles Thomas Coldefy, ainsi que quatre autres architectes ont tenu à répondre, à travers un projet commun. Dans la liste des partenaires, on compte Carlo Ratti (Italie), JDS Architects (Belgique), Ensamble Studio (Espagne), et NL Architects (Pays-Bas).
Une équipe d’architectes aux nationalités différentes, mais tous européens, et unis par l’envie de proposer pour le Parlement européen un modèle architectural vertueux, écologique, ouvert sur la ville, et reconnectant l’urbain à la nature.
Pour l’heure, le mystère demeure sur le projet des co-lauréats du premier prix du concours de rénovation/reconstruction du Parlement. On sait cependant qu’il sera révélé vers mi-septembre, et que le budget prévu pour le chantier s’élève à 500 millions d'euros.
« C’est aujourd’hui fantastique de pouvoir être acteur dans une période complexe, de pouvoir intervenir sur un lieu emblématique, et de pouvoir mettre à Bruxelles un bâtiment qui soit plus au service des utilisateurs et plus globalement des enjeux climatiques que l’on vit », se réjouit Thomas Coldefy.
La collaboration avec quatre confrères se rajoute à l’enthousiasme de l’architecte, rejoignant son « goût du challenge, de se remettre en question et qu’accepter qu’à cinq on a la capacité d’innover de manière beaucoup plus forte que si on était seul ».
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Thomas Coldefy