Coronavirus : les architectes émettent leurs recommandations
Le 15 mars dernier, le CNOA (Conseil National de l’Ordre des Architectes), par la voix de Denis Dessus, le Président de l’Ordre, donnait les premières recommandations aux architectes et maîtres d’ouvrages afin d’éviter une propagation massive du coronavirus, et préserver la santé de tous les collaborateurs. Ainsi, il demande l’étude des « modalités d’arrêt et de sécurisation des chantiers, avec les maîtres d’ouvrages, les CSPS (coordinateurs en matière de sécurité et de protection de la santé), les entreprises, puisque le confinement est confirmé ». Cette décision, annoncée deux jours avant le communiqué officiel de la Capeb et de la FFB, est unanime chez tous les acteurs du bâtiment.
En effet, la Capeb, la FFB, la FNTP, l’UNSFA et le CNOA demandent l’arrêt temporaire des chantiers. Le CNOA précise que « la décision de l’arrêt du chantier par le maître d’ouvrage doit s’accompagner de la suspension des obligations contractuelles, en raison de cas de force majeure, sur les délais notamment ». L’Ordre des architectes prévoit d’étudier « certains points clefs comme l’enlèvement des matériels et matériaux potentiellement dangereux, la clôture et la fermeture des zones de chantier, l’organisation du gardiennage ». Ces mesures en matière de sécurité, permettraient pendant cette crise sanitaire, de garder les chantiers en sécurité, et d’éviter les éventuels vols. Le télétravail est par ailleurs fortement recommandé aux architectes et maîtres d’ouvrages.
Cependant, certains chantiers, au vu de la situation et notamment des hôpitaux submergés, ne peuvent être arrêtés. Le CNOA évoque donc ce cas particulier « pour des chantiers très spécifiques comme la réception imminente d’un chantier hospitalier, la maîtrise d’ouvrage doit préparer les sollicitations préfectorales ad’hoc pour pouvoir poursuivre même en cas de décision nationale de confinement ». Le CNOA précise d’autres recommandations dans le cas où l’avancement des chantiers continueraient, « ce qui semble peu probable ».
L’arrêt des chantiers entrainera inévitablement des conséquences économiques. Dans sa lettre, Denis Dessus demande également aux maîtres d’ouvrages de « prendre des dispositions pour que les règlements des situations des travaux exécutés ne soient pas bloqués », anticipant les nombreux problèmes de trésorerie des entreprises. Le CNOA demande également « la prise en compte par le gouvernement des mesures de soutien économique et social », afin de limiter les faillites d’entreprises et les risques de chômage.
Une décision en accord avec l’UNSFA
Jean Michel Woulkoff, le Président de l'UNSFA (Union Nationale des Syndicats Français d’architectes), va dans le sens de Denis Dessus « on en a parlé lundi matin au téléphone, je ne peux être que d’accord avec lui, d’autant plus qu’aujourd’hui la CAPEB, la FFB et la FNTP ont demandé l’arrêt des chantiers. On vient nous aussi de relayer leur appel en le validant ».
L’arrêt des chantiers est, selon lui, préférable « pour des problématiques de confinement, de proximité, qui ne sont pas forcement bonnes, donc il faut prendre des garanties, prendre un minimum de risques » - un minimum de risques assuré par l’arrêt temporaire des chantiers donc.
Malgré ce commun accord, les conséquences économiques se font d’ores et déjà ressentir « parce qu’on a engagé du chômage partiel, on est à l’arrêt sur des dossiers, sur des projets, donc forcement il y aura des conséquences financières importantes pour les agences ».
En évoquant un soutien financier prévu par le gouvernement - comme un plan lancé par la BPI France et un autre lancé par Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, pour les PME et TPE - Jean-Michel Woulkoff évoque l’apparition de premières difficultés si le confinement venait à être prolongé. « Au delà de 8-10 jours, cela va être compliqué à gérer parce qu’on n’a pas de retour des instructeurs de PC, des bureaux de contrôle, de nos cotraitants et de nos maitres d’ouvrage : tout le monde est en télé-travail, et il y a des moments où l’on ne peut pas continuer à travailler comme cela. Il faut que l’on se rencontre pour discuter des modalités d’avancement des projets, tout ne peut pas se faire de façon virtuelle », regrette-il.
J.B
Photo de une ©Adobe Stock