Côte de maille bien ajustée pour la Maison des étudiants
La tâche n'était pas facile pour l'agence Belus & Hénocq Architectes. Ces derniers ont dû intervenir sur un sol mauvais, et un bâtiment meurtri par des années d'inoccupation. Mais les étudiants méritaient une belle maison. Et en réhabilitant ce corps de ferme plein d'âme et d'histoire, on peut dire que la mission est largement remplie. Cette réhabilitation offre des volumes hors norme, et des espaces atypiques, que l'on ne retrouverait pas en neuf. Des reprises en sous-œuvre et des fondations profondes ont dû être réalisées pour permettre de conserver cette « âme » de l'existant.
L'agence a recouvert l'ensemble du bâtiment d'une toiture unique qui s'étire tout du long sur 150 mètres. Les murs massifs et les belles charpentes sont de cette façon mis en valeur. La toiture redescend en certains endroits de la façade pour redonner au corps de bâtiment sa composition originelle tripartie. Elle apporte les conditions nécessaires au confort moderne, en termes d'isolation thermique et acoustique, de lumière naturelle et de protection solaire.
Comme une lanterne magique
Une résille d’aluminium à large maille vient homogénéiser l’ensemble, en permettant de masquer les châssis fixes et certaines émergences. Cette maille joue aussi le rôle de brise-soleil, par son orientation et son écartement. En complément de ce dispositif, le rafraîchissement naturel en été est également assuré par des ouvrants motorisés au nord. « De jour, le jeu aléatoire des verrières et des ouvertures est ainsi camouflé tandis que le soir, il prend toute sa saveur agissant comme une lanterne magique », écrivent les architectes de l'agence Belus & Hénocq.
À l'intérieur le doublage est plus léger, comme par contraste avec la rigueur de la toiture. Celui-ci est réalisé avec une projection de béton et d'enduit chaux-chanvre, un matériau intéressant pour ses propriétés de régulateur hygrothermique. Les échanges hydriques permanents entre l'intérieur et l'extérieur sont indispensables pour la préservation des murs anciens. La finition « presque stuquée » de cet enduit a été réalisée à l'aide d'une lisseuse manuelle japonaise à peine plus grosse que la main, démontrant selon l'agence « que l’on peut allier recherche, développement et geste artisanal ».
Les parties neuves sont réalisées en monomur de pierre ponce, pour rester dans la thématique des matériaux biosourcés. Tout est laissé volontairement brut comme un rappel de la simplicité́ des hangars agricoles où la technique est montrée. « Il s’agit avant tout de mettre à la disposition de l’université́ un véritable outil pour que s’y développe toutes les activités. A l’heure où tout est jetable, il nous paraissait important de livrer un bâtiment capable d’évoluer, un bâtiment encore là pour longtemps », conclut l'agence.
Laurent Perrin
Photo de une : ©Raphaël Chipault