Biome ou la renaissance de l’ancien siège de la SMABTP
Dans le 15ème arrondissement de Paris, entre la rue Violet et l’avenue Émile Zola, les ouvriers continuaient durant l’été à fourmiller. Et pour cause, le chantier de réhabilitation et de reconstruction de l’ancien siège de la SMABTP, lancé en décembre 2019, devait se terminer d’ici la rentrée.
Conçu durant les années 1960 par les architectes de Fernand et Francis Leroy, Raymond Lopez et Henry Pottier, l’immeuble tertiaire d’origine est passé entre les mains de l’agence Jouin-Manku. En partenariat avec l’architecte Yrieix Martineau, les architectes ont voulu donner au bâti une toute autre dimension.
Joindre l’ancien et le nouveau
Baptisé Biome, le projet a été inauguré ce mercredi 21 septembre. Depuis l’extérieur, on peut voir l’extension réalisée sur le vaste complexe immobilier de 24 000 m2. Car l’une des prouesses vantées par l’agence Jouin-Manku demeure l’extension de l’immeuble droit et dense datant des années 1960, par un second à la structure plus penchée.
« Par rapport à ce bâtiment qui est tout droit, cette géométrie-là est un peu plus fluide », commente Sanjit Manku, co-architecte sur le projet Biome. Pour que les deux bâtiments « travaillent ensemble », des passerelles vitrées relient les bâtiments sur plusieurs étages. Les rubans de verre rejoignent l’esthétique du premier bâtiment d’origine, tout comme l’exosquelette.
« Si on regarde les lignes, toutes les lignes fuient dans la bonne direction. Chaque poteau est aligné avec celui d’après et avec un angle. C’est complètement tordu », constate Patrick Jouin, second architecte sur le chantier. Une prouesse rendue possible par un moule, capable de transformer pour s’adapter à la forme de chaque poteau.
« Quand on moule, normalement, on va mouler toujours la même forme. Mais là on va utiliser une technique qui fonctionne grâce au GPS, au laser, de l’électropneumatique pour transformer ce moule à chaque fois, avec une précision absolue », nous explique Patrick Jouin.
Favoriser la lumière naturelle
Autre tour de force du projet Biome : la transformation d’anciens espaces consacrés aux visiteurs. Il faut savoir que l’ancien siège de la SMABTP était « aussi un centre de convention », précise Patrick Jouin.
L’architecte poursuit : « Derrière, il y a un bâtiment qu’on a enlevé, mais où on a des conventions, où on vient en bus, en car. Donc la rampe, c’est une rampe qui permet de rentrer à un premier sous-sol qui était pour les bus, donc on a une très grande hauteur sous plafond ».
C’est ce qui a motivé chez l’agence Jouin-Manku, une de ses premières idées proposées à SFL, propriétaire du futur parc immobilier : la réutilisation ces deux niveaux de parking. Les deux architectures ont opté pour la destruction de l’ancien auditorium de la SMABTP, afin de resculpter le terrain pour réaménager l’ancien immeuble de l’espace Zola, mais aussi dans la nouvelle structure Violet.
Sur les deux sous-sols de l’ancien parking, les structures se trouvent ainsi baignées d’une lumière naturelle, tandis qu’un terrain végétalisé borde la structure Zola.
De la verdure à foison
Le projet de l’agence Jouin-Manku tient son nom Biome du terme scientifique désignant un espace géographique partageant un climat, une faune et une flore.
Beaucoup de points communs se recoupent dans le complexe immobilier parisien : les lignes épurées, les rubans vitrés, mais aussi l’importance accordée à la verdure. Au total, à l’extérieur, Biome comptera à terme 3 100 m2 de jardin et de terrasse. Le modèle s’inspire des squares parisiens, mais tend à assouplir le concept, un peu comme un jardin à l’anglaise.
Sauf que l’agence Laverne, paysagiste sur le projet, s’est plus inspiré du « jardin à l’américaine, quelque chose qu’on peut regarder depuis le haut », détaille Patrick Jouin. Le tout pour donner un espace vert visible à travers le squelette des immeubles, car comme insiste l’architecte, dans un espace bétonné comme Paris, les touches de vert sont à exposer à la vue de tous.
Une végétalisation prévue aussi bien côté tertiaire, que dans la partie résidentielle en construction côté rue Violet. C’est la Poste Immo qui occupe les bureaux depuis début septembre, date à laquelle les six logements seront aussi livrés.
Virginie Kroun
Photo de Une : V.K