À Colmar, la bibliothèque des Dominicains entame sa mue
La ville de Colmar, dotée de ruelles pavées et bordées d'édifices médiévaux à colombages, possède une architecture riche et variée. C’est dans cette commune que, vers 1260, se sont établis les Dominicains, qui ont posé la première pierre de leur église en 1283 par Rodolphe de Habsbourg. D’autres bâtiments monastiques sont venus vers 1300 pour enrichir l’ensemble. Ainsi, l’ensemble s’est successivement transformé en caserne de gendarmerie, en école, puis en bibliothèque municipale en 1955. Depuis, le lieu recèle une collection de documents et de manuscrits, d’une grande variété, le tout provenant des grandes abbayes bénédictines, cisterciennes, et dominicaines de Haute-Alsace, ainsi que plusieurs remarquables objets et machines liés au monde de l’imprimé.
Crédit photo : ©Patrick Bogner / ©Ameller Dubois
Une tâche délicate
La tâche des architectes était délicate. Il fallait entamer un travail fin de réhabilitation du couvent et du cloître des Dominicains situés non loin du musée Unterlinden, repenser la préservation et la valorisation des divers documents graphiques et manuscrits, tout en respectant la riche histoire du lieu. Un travail délicat mené avec brio par les deux agences d’architecture Ameller Dubois et Stephan Manciulescu ACMH. Avec l’objectif de retrouver l’essence originelle, ces derniers ont soigneusement restauré le couvent et l’ont libéré des multiples mutations subies au fil du temps. De même, les architectes ont ajouté à l’ensemble une extension de cinq étages, en bois brûlé, l’ensemble étant destiné au stockage de documents moins prestigieux. Une passerelle aérienne, entièrement transparente, relie les deux constructions.
Crédit photo : ©Patrick Bogner / ©Ameller Dubois
La qualité spatiale
Tandis qu’au premier étage, les salles de lecture et les documents écrits ou graphiques prennent place autour du cloître, les anciennes salles de lecture et de consultation se trouvent magnifiées. Afin de révéler la richesse de la charpente et la qualité spatiale des volumes de l’ancien couvent, les architectes ont opté pour la suppression du plancher des combles offrant des espaces de travail exceptionnels aux différents lecteurs et chercheurs.
Crédit photo : ©Patrick Bogner / ©Ameller Dubois
Un parcours muséographique
À travers un remarquable parcours muséal, les visiteurs peuvent découvrir différents espaces, dont l’atelier de reliure et de restauration, créé en 1941, et qui assure l’entretien et la restauration des ouvrages de la bibliothèque. À souligner que le rez-de-chaussée du couvent accueille une exposition permanente de livres et des précieux incunables, présentés dans un élégant parcours scénographique. L’intervention a révélé plusieurs éléments disparus, notamment de spectaculaires charpentes en bois autrefois cachées, mais aussi la sacristie, redécouverte pendant le chantier, et entièrement reconstituée en bois par Stefan Manciulecu (ACMH). Le parcours muséographique est prolongé par le cloître et son jardin. Ainsi, les visiteurs peuvent découvrir le Jardin des Simples, un verger reconstitué, qui renvoie vers l’entrée. La réhabilitation et l’extension de la bibliothèque des Dominicains a nécessité une grande habileté de la part des architectes, qui ont veillé à révéler sans modifier. Il s’agit d’un travail d’orfèvre, qui a rendu au lieu son prestige d’antan.
Sipane Hoh
Photo de une : ©Patrick Bogner / ©Ameller Dubois