Un modèle d'urbanisme "à l'ancienne"
Créée en 1999, la Fondation mène neuf projets au Royaume-Uni, dans une logique de concertation avec les habitants. Le plus avancé, la ville nouvelle de Poundbury, dans le Dorset, en compte déjà 1 400. Son achèvement n'est prévu qu'en 2012, mais la ville a déjà concentré les critiques de ceux qu'agace ce new urbanism dont on retrouve les traits dans les villes conçues par Disney à proximité de ses parcs de loisirs, Celebration (Floride) et Val d'Europe (Seine-et-Marne).
"Disney a eu le génie de comprendre le besoin des gens d'appartenir à une communauté, et comment l'environnement bâti peut contribuer à leur donner cette impression, observe M. Dittmar. Mais nous nous démarquons de leurs projets en faisant participer la population et en insistant sur la mixité des fonctions urbaines."
Ce que beaucoup d'architectes et de promoteurs reprochent à Poundbury, c'est un dirigisme absolu - matériaux, hauteurs, couleurs, distances, tout est imposé - qui mélange sans crainte du pastiche les styles "traditionnels" de Grande-Bretagne, d'Europe centrale ou de Nouvelle-Angleterre. "Nous sommes ouverts à l'architecture moderne, mais nous ne pensons pas que l'architecture traditionnelle doit être cantonnée au passé, rétorque le directeur de la Fondation. L'architecture et l'urbanisme durables nous imposent de regarder ce qui a marché dans le passé. L'architecture vernaculaire était écologique, car adaptée au climat, aux matériaux et aux modes de vie locaux. En matière d'environnement, les techniques traditionnelles marchent aussi bien que le high-tech !"
Car la Fondation se veut un acteur de la ville durable, non seulement par sa permanence architecturale - fût-elle fictive - mais aussi par son engagement écologique : "Tous nos projets comprennent des éoliennes, des panneaux solaires, des systèmes de retraitement des eaux..." La Fondation est depuis peu engagée dans un projet de ville écologique à Sherford, près de Plymouth, où la rue principale offrira un visage en pur pastiche géorgien. Les promoteurs ont longtemps regardé avec méfiance cet urbanisme participatif, inscrit dans la longue durée. "Ils estiment généralement que ces opérations ne sont pas rentables. C'est notre défi de les convaincre du contraire, admet M. Dittmar. Mais la crise financière et le changement climatique devraient aider à promouvoir de nouveaux modèles plus durables, plus économes."
Le prince Charles conduit désormais sa Fondation à tester ses méthodes sous d'autres climats et "à montrer leur validité dans toute la gamme des environnements urbains". L'équipe est engagée dans la réhabilitation du quartier très dégradé de Rosetown, à Kingston, en Jamaïque ; dans la construction d'une nouvelle communauté à Freetown, capitale de la Sierra Leone ravagée par la guerre, et dans la reconversion d'un quartier de Pékin. De quoi mettre à l'épreuve son souci de la participation démocratique et de l'architecture vernaculaire