Les robots investissent le nettoyage de toitures photovoltaïques
Oubliez le Kärcher pour nettoyer vos panneaux solaires. Certains particuliers s'y sont essayés, avec ce que ça implique d'usure du matériel. Ne comptez pas non plus sur la pluie. Si elle débarrasse en partie de la pollution minérale et organique, elle est responsable à son tour de dépôts calcaires.
Les professionnels ont plus souvent recours à une « canne à eau pure ». Une canne en carbone de quinze à vingt mètres de long, qui s'allonge, dotée d'une brosse, d'un système de filtration et d'une pompe. Traditionnellement utilisée pour le nettoyage de façade (jusqu'à quatre étages), elle a trouvé application dans le photovoltaïque.
Le nettoyage occulté jusqu'en 2011
« Vers 2011, les anciens installateurs en photovoltaïque qui avaient plongé, connaissant le terrain, se sont mis à s'intéresser au nettoyage », se souvient Pierre-Daniel Bize, de Performance Nettoyage Services. Au départ tournée vers l'entretien des carènes de bateaux, sa société s'est alors intéressée au solaire, avec le monitoring d'installations dans un premier temps.
« Le nettoyage a été pratiquement occulté entre 2007 et 2011, les fonds de recherche étant consacrés presque exclusivement à l'optimisation des cellules », rappelle-t-il. Du monitoring d'installations, avec la marque Watch My PV de Rtone, la société évolue vers le nettoyage, axé performance.
Quantifier la performance ne fut pas facile. « On ne disposait d'aucun retour d'expérience. Il fallait analyser : nature de la salissure, vent, climat, météo, hygrométrie, exposition... et pour combien de temps l'installation serait considérée comme propre et performante ». C'est alors qu'il fait la découverte de Serbot, une société suisse, spin-off d'un acteur du nettoyage de grandes tours vitrées.
Un automate d'une précision suisse
Le robot Gekko Solar pèse 53 kg. Il exerce une pression de 263 kg/m2 lorsqu'il se déplace, là où le pied d'un homme de 90 kg qui marche en exerce 3350. « Sa grande prouesse est de coordonner le mouvement. En trois temps, il descend ses ventouses par une succession de dépression, le corps avance, et il libère la ventouse par une surpression, effectuant une succion sans arracher le verre... c'est de la précision suisse ! ».
Le Gekko, Pierre-Daniel Bize l'a tellement bien adopté qu'il en est devenu le représentant exclusif pour la France en mars 2013. « Il utilise trois flux d'énergie : l'électricité pour les mouvements horizontaux, l'air pour le mouvement des ventouses, et l'eau. Le tout passe dans un câble unique sortant de la tête pivotante, et est commandé par un opérateur. C'est donc un outil automatisé plutôt qu'un robot à proprement parler ».
La sécurité et le travail en hauteur
C'est l'une de ses limites. Un aspirateur domestique ou un robot de piscine a besoin d'obstacles. Nous sommes ici sur des toitures, et notamment pour des questions de sécurité, la présence d'un opérateur, voire deux pour le travail sur nacelle, est indispensable.
Une amélioration possible – si besoin – est un flux d'eau supérieur, et des brosses plus larges (1,3 m aujourd'hui). Notons qu'il existe aussi une version pour les fermes solaires, Gekko Farm, modulable, « mais l'intérêt en France en est encore aux prémices ».
A l'achat, le Gekko Solar coûte 74.500 €. Le Gekko Farm, selon le nombre de brosses (de trois à cinq), varie de 140 à 160.000 €. Auquel il faut ajouter le coût du transporteur (25 à 75.000 €), pour déplacer le robot d'une travée de panneaux à l'autre.
En fonction de l'accessibilité au site, de la répartition des éléments sur la surface du toit (continuité ou non), le nettoyage d'une installation est facturé par Performance Nettoyage de 0,75 à 1,15 €/m2.
Laurent Perrin