"Le compteur Linky va faire disjoncter les portefeuilles"
Selon une étude publiée par l’UFC-Que Choisir, basée sur des données techniques collectées sur les compteurs de 201 foyers, 55% des ménages ne disposent pas d’une puissance d’abonnement cohérente avec leur consommation.
En effet, alors que le fournisseur a une obligation de conseil, 18% des clients (5 millions de foyers) sont « sur-abonnés » : ils paient un abonnement trop élevé par rapport à leurs besoins réels. Leur surfacturation représente 35 millions d'euros par an, selon l’association.
Les "mal-facturés" devront changer d’abonnement
A l'inverse, 37% des clients (plus de 10 millions de ménages) sont « sous-abonnés » et paient une puissance d’abonnement inférieure à la puissance réellement appelée. Cette situation est rendue possible grâce à une grande tolérance des anciens compteurs dans les dépassements de puissance.
Linky va obliger les foyers ces derniers, « même si leur surconsommation est faible ou ponctuelle, à passer à une puissance d’abonnement supérieure », estime l’association. « Au final, le seul changement d’abonnement entraînera pour ces consommateurs un surcoût annuel de 308 millions d’euros. » Soit le surcoût total par an, basé sur les écarts tarifaires 2012/2013, que devront payer les consommateurs après l’installation de l’ensemble des compteurs Linky et la normalisation des abonnements.
L’ensemble des ménages mal-facturés va devoir payer pour changer d’abonnement, une opération facturée 36,21€ TTC par ERDF. Même les sur-abonnés « devront s’acquitter de la somme de 179 millions d’euros au titre du changement de puissance… et auront ainsi cinq ans à attendre avant de commencer à bénéficier des économies d’abonnement. »
Une anomalie qui n’a rien à voir avec Linky ?
Cité par Le Monde, le directeur stratégie et grands projets d'ERDF Marc Boillot rappelle qu’une modification de puissance « nécessite un déplacement qui fait l'objet d'un tarif validé par la Commission de régulation de l’énergie ». En outre, estime-t-il, sur les 300.000 compteurs Linky déjà installés, « l’augmentation de puissance n'a concerné que 0,88 % des foyers ».
Les raisons d'une différence entre la puissance prévue et celle distribuée peuvent être multiples, selon lui. « Cela peut être une erreur au moment de l'installation, ou bien relever de la fraude. Mais il s'agit alors d'une anomalie qui n'a rien à voir avec l'installation de Linky », précise-t-il.
L’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics et à la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) d’élaborer une nouvelle grille tarifaire, avec des niveaux de puissance d’abonnement plus précis, afin que les consommateurs puissent bénéficier d’un abonnement en adéquation avec leur consommation réelle.
L’association propose aussi d’imposer la gratuité de la prestation de changement de puissance deux ans après l’installation du compteur Linky, afin d’assurer un « réétalonnage » sans surcoût des abonnements.
Laurent Perrin
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