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La précarité énergétique s’est aggravée en 2023, selon la Fondation Abbé Pierre

Publié le 14 novembre 2023

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Alors que la journée de lutte contre la précarité énergétique se tiendra le 23 novembre, la Fondation Abbé Pierre, Dorémi, et Greenpeace organisaient ce mardi une conférence de presse pour revenir sur les principaux chiffres de la précarité énergétique, mais aussi sur la réforme de MaPrimeRénov’ qui interviendra en 2024.
La précarité énergétique s’est aggravée en 2023, selon la Fondation Abbé Pierre - Batiweb

La fondation Abbé Pierre organisait ce mardi une conférence de presse en prévision de la 3ème édition de la « journée de lutte contre la précarité énergétique », qui se déroulera le 23 novembre, avec 170 évènements prévus partout en France.

Lancée pour la première fois en 2021, l’initiative rassemble aujourd’hui 24 organismes, dont l’Observatoire National de la Précarité énergétique, Stop Exclusion Énergétique, Rénovons Collectif, le Plan Bâtiment Durable ou encore le Secours catholique.

Pour rappel, 12 millions de ménages souffriraient de précarité énergétique en France. Cette tendance serait en augmentation, notamment à cause de la hausse des prix des énergies.

En introduction, Maïder Olivier, chargée de mobilisation et de plaidoyer au sein de la Fondation Abbé Pierre, a rappelé la définition de la précarité énergétique, concernant les 30 % de ménages les plus modestes dépensant plus de 8 % de leurs revenus dans l’énergie et souffrant du froid.

 

Chauffage : 79 % des Français ont adopté un comportement de privation en 2023

 

Selon les chiffres du Médiateur de l’Énergie, 73 % des Français auraient constaté une hausse de leur facture d’énergie en 2023. 31 % déclarent avoir eu des difficultés à payer ces factures (contre 18 % en 2020). Les jeunes seraient sur-représentés, puisque le pourcentage grimpe à 55 % chez les 18-34 ans

Un quart des Français auraient également souffert du froid dans leur logement, que ce soit en raison de privation de chauffage, et/ou d’un logement mal isolé. Dans le détail, on constate une hausse flagrante du phénomène de privation, puisque 79 % des Français déclarent avoir restreint leur chauffage pour limiter leurs factures d'énergie, contre 53 % en 2020.

Il faut dire que les factures d’énergie ont augmenté d’en moyenne 310 € entre 2019 et 2023, pour une facture moyenne s’élevant à 1 900 € par an en France.

 

Hausse du chèque énergie et fin des coupures d’énergie : les demandes de la Fondation Abbé Pierre

 

Face aux difficultés croissantes pour se chauffer décemment, la fondation Abbé Pierre demande un élargissement du nombre de bénéficiaires du chèque énergie et appelle au triplement de son montant, qui s’élève actuellement à 148 €.

L’association réclame également la fin des coupures d’énergie pour les ménages faisant face à des impayés. Selon Christophe Robert, 863 000 ménages auraient été confrontés à des coupures d’énergie en 2022, se retrouvant dans l’incapacité ne serait-ce que de maintenir leur réfrigérateur allumé ou de recharger leur téléphone portable. La fondation appelle donc à interdire les coupures d’énergie, tout comme les coupures d’eau avaient été interdites à partir de 2013. Certains fournisseurs d’énergie tels qu’EDF auraient d’ores et déjà arrêté de pratiquer ces coupures d’énergie, remplacées par des réductions de puissance.

Comme en juin dernier, la fondation Abbé Pierre a également rappelé l’existence de la « précarité énergétique d’été » dans ce qu’elle appelle les « bouilloires thermiques », alors que 59 % des Français auraient souffert de la chaleur dans leur logement en 2022.

Lors de cette conférence, Léana Msika, responsable des affaires publiques de Dorémi, est également revenue sur la réforme de MaPrimeRénov’, prévue à compter du 1er janvier 2024. Elle s’est notamment réjouie de la hausse des aides et de la baisse du reste à charge pour les ménages, avec des aides passant de 26 000 € à 63 000 € pour certains ménages les plus modestes.

 

« Rénovation performante » VS « rénovation d’ampleur » : une question légale

 

Elle a également insisté sur la nécessité de privilégier la rénovation globale et performante plutôt que la rénovation par geste pour permettre aux ménages de sortir de la précarité énergétique.

L’objectif du gouvernement : parvenir à 200 000 « rénovations d’ampleur » en 2024.

La responsable des affaires publiques de Dorémi a toutefois alerté sur l’emploi du terme « rénovation d’ampleur », qui, contrairement à la « rénovation performante », ne disposerait pas de définition précise et légale. La rénovation performante étant quant à elle caractérisée par 6 postes de travaux permettant d’atteindre la classe énergétique A ou B, et de diviser par 4 à 8 les consommations de chauffage.

« La rénovation d’ampleur est un nouveau terme qui vient d'apparaître, et qui nous fait vraiment craindre un risque de dérive. C'est-à-dire que nous ne sommes pas du tout sûrs que rénovation d'ampleur égale rénovation performante. Donc on aura une vigilance particulière, dans les semaines à venir, sur la publication des arrêtés qui vont donner les détails techniques. On parle souvent de petits détails techniques, sauf que ce sont eux et les critères de performance à atteindre qui font l'ensemble d'une réforme et son succès », souligne la responsable des affaires publiques de Dorémi.

« Donc vigilance dans les semaines à vivre sur cette réforme, d'abord autour du vocabulaire de rénovation d'ampleur, qui ne donne pas de garantie sur la performance, et qui n'a pas de base légale. C'est dommage de voter des lois à l'Assemblée donnant des définitions légales, et ensuite d'avoir des aides nationales qui ne respectent pas ces lois », ajoute-t-elle.

 

Des avances de frais toujours problématiques

 

Autre point de « vigilance » : malgré la hausse des aides et la baisse du reste à charge, la responsable des affaires publiques de Dorémi a rappelé le problème persistant d’avance de trésorerie, avec des ménages précaires dans l’incapacité d’avancer 63 000 € avant de percevoir l’aide.

« Vous avez beau avoir 63 000 € d'aide, si elle arrive à la fin des travaux et que vous devez faire une avance aux artisans pour les payer, comment vous faites ? Donc aujourd'hui, il y a des avances d'aides qui sont permises, qui sont améliorées dans cette réforme, mais les avances ne sont que partielles, elles ne vont pas jusqu'à 100 %, et elles ne sont pas automatiques, c'est-à-dire que c'est au ménage de faire une demande pour avoir ces avances d'aide », a-t-elle également regretté.

 

Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock

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