ITE : Sto forme les professionnels aux bons réflexes
Quand on rentre au centre formation de Sto à Bezons (95) pour la première journée de formation, on s’attend à retrouver de jeunes artisans en herbe dans le domaine du bâtiment. Il faut dire que dès l’arrivée, l'ambiance est studieuse : tables bien alignées, tableau-rétroprojecteur, bloc-note, stylos, petit frichti pour faire le plein d’énergie… Même le nom de la formation, « Chantier École ITE », sonne très scolaire.
Pourtant, à mesure que les élèves débarquent au compte-goutte, on se rend compte que certains d’entre eux sont bien plus expérimentés et bien plus divers qu’on ne le pense.
Une formation adressée aux professionnels de différents bords
Et cette diversité ne s’applique pas uniquement à cette formation et va généralement « du compagnon jusqu’aux bureaux d’études, architectes, maîtres d’ouvrage », énumère Laurent Girardey, responsable des techniciens d’application et du centre de formation. Il précise : « Par contre, suivant la formation, on va s’adresser à des cibles différentes. Donc la formation qu’on suit ici s’adresse par exemple aux compagnons applicateurs. On va avoir aussi le patron d’entreprise, on va avoir des conducteurs ou chefs de chantiers, qui vont faire les métrés mais sont garants de la qualité de l’ouvrage »
Benoist Catroux, formateur-animateur du centre de formation complète : « On a beaucoup de commerciaux d’entreprises qui vendent spécifiquement pour la maison individuelle ». C’est le cas notamment d’Elisabeth Feirreira et Alban Rose, tous deux commerciaux chez Kingspan Insulation, fournisseurs de Sto sur une certaine catégorie d’isolant : le résol.
Chez Sto, « ils conçoivent des systèmes complets : l’enduit, la trame, les fixations… Et ils sont également fabricants de polystyrène. Ils ont d’autres solutions d’isolant dont ils ne sont pas fabricants, et là ils font appel à nous, qui sommes fabricants de la solution mousse Resolic », résume Alban Rose. Lui et sa collègue avaient déjà suivi une formation bardage chez Sto et souhaitaient approfondir leurs connaissances sur la pose d’isolant en polystyrène en ITE.
Une solution qui occupe dans les 70 % du marché de l’isolation, selon les chiffres évoqués durant la présentation, notamment pour son rapport qualité/prix, sa variété de finitions mais aussi sa résistance aux chocs. « Nous on ne connaissions pas la pose de ce produit en particulier, l’enduit, etc. On nous en parle tout le temps quand on voit des clients, mais en fait on ne l’a jamais fait », raconte Alban Rose.
De la théorie, mais surtout beaucoup de pratique
D’où l’intérêt des formations Sto, qui permettent par exemple aux commerciaux de comprendre les contraintes des artisans-applicateurs, en s'initiant aux règles de l’art de la pose.
La leçon commence en salle, où un diaporama présente l’ITE et ses avantages : suppression de ponts thermiques, pas de déménagement durant les travaux, ni de réduction d’espaces… Il rappelle également la variété de composants, qui peuvent orienter les étapes du chantier.
Fin de matinée, les fondations théoriques sont posées pour laisser place à la pratique à la « plateforme geste ». Armés d’un masque, de gants, de lunettes et combinaison, on commence par la pose des rails, nécessaire pour instaurer la hauteur réglementaire du sol, éviter les transferts d’humidité dans le système et l’intrusion de rongeurs, tout en maintenant provisoirement les panneaux isolants le temps de la fixation.
Début d’après-midi on met la main à la pâte, ou plutôt à l’enduit, préparé à partir d’un produit Sto hydraulique qu’on gâche avec de l’eau. En parallèle, les élèves s’essaient à la découpe minutieuse des panneaux pour s’adapter aux supports fenêtres.
Vient ensuite, en milieu de journée, l’étape cruciale : la pose des panneaux. On étale l’enduit avec une taloche-crantée, on imbrique les panneaux les uns sur les autres… Et ce avant le clou du spectacle de cette première journée de formation : ajouter les chevillages pour améliorer la fixation et jointer avec un isolant mousse Polyuréthane pour optimiser l’isolation.
Le tout en n’oubliant pas de bien mesurer la découpe des panneaux ou en raclant le reste d’enduit sur la taloche avec la truelle, pour éviter des gaspillages de chutes. Des bons gestes anticipant la future REP bâtiment, guidés par les deux techniciens qui complètent le corps pédagogique.
« On n’apprend pas un métier en deux jours, ce serait très prétentieux. Mais en tout cas on les guide dans ce qui sont les réflexes essentiels. Et ça ne s’arrête pas là, ça continue avec les techniciens d’application, comme Paulo et François, et huit autres techniciens qui se déplacent sur les chantiers pour continuer la formation », rappelle Laurent Girardey.
Afin de mettre en confort les professionnels, l’essentiel des consignes sont transmises sur plateforme. « On arrive effectivement là-bas à passer des informations qui sont importantes, alors qu’en salle on aurait beaucoup plus de pertes. Parce qu’on est en situation et qu’on procède par phase du chantier, ils sont en attente de l’information pour pouvoir la mettre directement en pratique », confirme Benoist Catroux.
Faire de l’isolation une spécialisation à part entière
Un format qui convient bien à Mathias Laurent, dirigeant de l’entreprise d’isolation globale Alter Isolation, montée il y a treize ans à Barinque (64). L’entrepreneur cherche par cette formation à compléter ses connaissances en ITE afin de développer son activité, qui reflète selon lui la nécessité de « raisonner en isolation globale car les aides vont vers la rénovation globale », explique-t-il.
Pour lui, l’évolution des dispositifs comme le nouveau DPE - qui a repris ce mois de novembre - ou MaPrimeRénov’, liées à la rénovation, comme la future RE2020, pour le neuf, sont à ses yeux une véritable opportunité pour l’isolation globale. Une spécialité autre fois reléguée à certains métiers comme les peintres ou les façadiers, en ce qui concerne l’ITE. « Quand j’ai voulu faire de même, tout le monde m’a pris pour un fou. Toutes les nouvelles lois et normes qui arrivent spécialisent encore plus le métier », affirme-t-il.
Assister à ce type de formation permet aussi aux artisans de bénéficier de la mention RGE et ainsi proposer des aides à la rénovation à leurs clients. C’est l’une des motivations de Murat Yaygir, dirigeant de l’entreprise Deco Face Nord à Roubaix (59), spécialisée dans la maçonnerie, l’isolation thermique et le bardage.
« Avec l’obligation de la mention RGE, j’ai déjà raté cinq-six affaires », témoigne-t-il tout en nuançant : « Après c’est compréhensible parce que l’État veut donner des aides à de vrais professionnels et qui appliquent comme il faut les règles de l’art ».
Une qualification assurée par le centre de formation Sto, certifiée Qualiopi. Mais la structure ne compte pas arrêter le progrès, en se basant sur les retours des participants. « La seule chose où ils nous poussent aujourd’hui, c’est d'organiser une troisième journée », conclut Laurent Girardey.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Virginie Kroun