Malgré un marché de l’isolation chahuté en 2024, Sto reste positif pour 2025
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Pouvez-vous présenter brièvement le groupe Sto ?
Philippe Boussemart : Le groupe allemand Sto réalise à peu près 1,6 milliard d’euros de chiffres d’affaires, et est présent dans 50 pays. Notre filiale française a été créée il y a 50 ans. Aujourd’hui, en France, nous sommes environ 320 personnes. Il y a 19 agences sur le territoire français, avec une spécificité qui est que nous ne vendons aux professionnels qu’en direct, donc une distribution exclusive.
Notre marque de fabrique chez Sto, c’est véritablement d’être un acteur complet de la façade. Nous proposons à nos clients une variété de techniques, que ce soit en isolation thermique par l’extérieur (ITE), en ravalement ou en bardage ventilé, avec des solutions esthétiques qui vont de l’enduit à des panneaux en verre, en passant par de la briquette, de la céramique, de la brique, des billes de quartz etc. Donc nous avons un échantillon esthétique qui permet notamment aux architectes de laisser libre cours à leur imagination.
Quel est le bilan du marché de l’isolation en 2024 ?
Les chiffres du Mur Manteau sur le premier semestre - puisque nous n'avons pas encore ceux de l'année complète - c'est un retrait du marché d'1,3 % en volume. C’est la deuxième année de retrait, puisqu’en 2023, le marché baissait d'un petit peu plus de 2 %. C’est un marché qui aurait pu progresser si nous n’avions pas eu, dans le courant de l’année 2024, toutes les modifications de MaPrimeRénov’.Ça a été du grand n’importe quoi, et donc ça a clairement gelé, à un moment, les décisions de certains ménages.
Quel est le bilan du côté de Sto ?
En 2024, Sto a connu une légère croissance de ses volumes. Cela a été une année de confirmation de notre position de numéro un sur le marché de l’isolation thermique par l’extérieur.
Quel a été l’impact des revirements autour de MaPrimeRénov’ sur votre activité ?
On a eu un deuxième trimestre assez faible en termes d'activité. Mais depuis le retour des congés d'été de 2024, on observe une accélération des commandes de nos clients.
Le nouveau dispositif MaPrimeRénov’ qui a été mis en place par le gouvernement au 1er janvier 2024, et qui était assez restrictif puisqu'il ne permettait de mettre en place des dispositifs financiers que pour la rénovation globale, a tout de suite été contesté par la FFB, et donc ça a été remis au 15 mai. Et donc là, les clients ont recommencé à faire du mono-geste en isolation. Ça veut dire que le temps que les commandes soient prises et que les commandes commencent à être exécutées, ça a permis d'avoir un deuxième semestre qui était meilleur.
Est-ce que l’interdiction de location de pires passoires thermiques va être un booster pour le marché de l’isolation ?
Je dirais que, globalement, c'est une mesure qui donne une dynamique au marché de l’isolation thermique en rénovation, et c'est surtout une mesure qui vise aujourd'hui à réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation énergétique. Toutefois, il est nécessaire d'avoir des acquéreurs ou des propriétaires qui ont les moyens d'investir dans la rénovation énergétique parce que les aides aujourd'hui sont très corrélées au revenu.
Quelles sont, selon vous, les solutions pour accélérer la rénovation énergétique des copropriétés et éviter les blocages ?
La première solution, qui est réclamée par tout le monde, c’est la pérennité. Il faut que les aides soient pérennes et il faut qu'elles soient stables et simples. Et aujourd'hui, je pense que c'est quelque chose qui n'est pas simple. Que ce soit pour les copropriétés ou les maisons individuelles, on a énormément complexifié les dispositifs et donc ça n'incite pas les décideurs à engager des travaux.
Pour en revenir à Sto, quelles nouveautés produits sont sorties en 2024 et quelles sont celles prévues en 2025 ?
Notre année 2025 va vraiment être ancrée sur tout ce qui est produits éco-conçus. Le premier produit qui va être lancé dans les semaines qui viennent, c'est un premier sous-enduit hydraulique 100 % sans ciment pour les façades. Ça va permettre de baisser de 40 % les émissions de CO2.
Nous avons aussi un produit en pâte qui est déjà sorti, et qui va permettre une sous-couche pour l'ITE. Nous avons remplacé le liant qui auparavant était fait à base d'énergie fossile par de l’huile de pin.
On a également des systèmes d’ITE qui sortent avec des isolants sur fibre de bois. Et des avis techniques expérimentaux, donc des Atex, en construction bois, qui vont permettre de faire du bardage ventilé en façade à ossature bois ou alors de la construction à ossature bois, et qui permettent de répondre aux exigences de la RE2020.
Il y a aussi un produit à base de polystyrène mass-balance, qui permet d'économiser des quantités importantes d’émissions de CO2.
Un petit mot de la fin ?
Ce qui m'importe vraiment, c'est qu’on puisse restaurer la confiance dans les travaux de rénovation énergétique. Que tous les donneurs d’ordre retrouvent la confiance pour investir à nouveau. Parce que tous ces aléas, ces allers-retours, ces décisions qui se changent, à un moment, ça crée de la défiance.
Nous avions, pré-Covid et post-Covid, un marché de la rénovation énergétique qui était en pleine expansion, sur une courbe de développement qui était vraiment motivante. Et tout cela, depuis un an et demi, a été très fortement impacté par les décisions gouvernementales. Il faut redonner confiance aux décideurs dans le domaine des travaux de rénovation énergétique.
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : ©Marine Lecroart