Formation professionnelle : 76 % des actifs n'ont jamais utilisé ce droit
Après dix ans de bons et loyaux services, le DIF (droit individuel à la formation) vient de prendre sa retraite. Depuis le 1er janvier 2015, il est remplacé par le CPF (compte personnel de formation) consultable depuis ce lundi par tous les Français sur le site www.moncompteformation.gouv.fr.
Sur celui-ci, viendront se cumuler toutes les heures de formation acquises en travaillant, depuis l'âge de 16 ans jusqu'à la retraite. Pour rappel, ce compte personnel de formation sera crédité de 24 heures par an pour un temps plein les cinq premières années, puis 12 heures par an les 2 ans et demi suivants, dans la limite de 150 heures maximum de formation sur neuf ans. A temps partiel, le salarié acquerra 12 heures par an sauf si un accord de branche ou d'entreprise prévoit un mode de calcul plus favorable. En cas de licenciement, l'ex salarié conserve les heures déjà créditées sur son compte.
L'objectif de ce nouveau dispositif est d'encourager les actifs mais également les personnes à la recherche d'un emploi à utiliser leurs heures de formation acquises grâce à un suivi plus pointu effectué sur l'ensemble de la vie professionnelle, y compris en cas de changement d'employeur.
Le DIF « sous-utilisé »
En effet, une étude de l'Afpa révèle que l'ancien dispositif, le DIF entré en vigueur il y a dix ans, est resté « très largement sous-utilisé ». 76 % des actifs n'ont jamais, de toute leur vie professionnelle, utilisé leur DIF. Même chose pour 87 % des demandeurs d'emploi.
Pourtant, les Français se montrent volontaristes quant à leur formation. Un tiers d'entre eux en a suivi une au cours des douze derniers mois, dans la majorité des cas suite à une initiative personnelle plutôt que sur proposition de leur employeur ou de Pôle emploi. Cette proportion atteint même 82 % chez les demandeurs d'emploi.
Tous visent alors des objectifs bien précis, dont deux prioritaires : acquérir ou développer des compétences (85 %) et obtenir une qualification (55 %). Les Français attendent également de leur organisme de formation d'être orienté efficacement par un conseiller (41 %), ou d'accéder à une formation leur permettant d'évoluer professionnellement ou de retrouver un emploi (40 %).
Une formation « satisfaisante »
La qualité des formations proposées est globalement jugée « satisfaisante » pour plus de 9 actifs sur 10. Néanmoins, il existe un écart considérable entre la satisfaction des salariés et les demandeurs d'emploi : les premiers sont 95 % à trouver la formation « satisfaisante » contre seulement 69 pour les demandeurs d'emploi. Pour tous, une formation de qualité est d'abord celle qui leur permet de mettre à jour leur compétence métier (43 %), ou de préparer à un métierqui recrute, critère retenu par 54 % des demandeurs d'emploi.
En 2014, si le DIF n'a pas convaincu les salariés, d'autres dispositifs ont en revanche été largement utilisés. Il s'agit du plan de formation établi par leur entreprise (pour 45 % des salariés) ou des stages financés par Pôle emploi ou la région (63 % des demandeurs d'emploi). Reste à savoir si le CPF fera mieux que les autres en 2015...
* Etude réalisée en ligne par Opinion Way du 23 septembre au 27 octobre 2014 auprès d'un échantillon représentatif de 2 034 actifs français (indépendants, salariés du privé, du public et demandeurs d'emploi).
C.T
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