Fatigue et stress, le lot quotidien des artisans du bâtiment
La passion ne suffit pas toujours au bon exercice de son métier. Bien qu'ils disposent d'une forte autonomie, du soutien et de la reconnaissance sociale ainsi que de bonnes relations sociale, les artisans du BTP sont plus de la moitié à être victime d'un stress chronique mettant en danger leur santé mentale et physique.
L’intensité du rythme de travail, de la pression des délais, du déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, des exigences physiques et mentales de la fonction (95 %), le sentiment d’isolement sont autant de facteurs propices à l’altération de la qualité de vie et de travail des artisans du BTP.
« Dans le contexte économique que nous connaissons, la pression accrue pèse sur les épaules des chefs d’entreprise artisanale du BTP, explique Patrick Liébus, président de la Capeb.Les résultats de l'étude « sont des indicateurs criants d’une réalité vécue quotidiennement par les artisans du BTP et leurs proches. Nous devons les garder en tête et continuer de nous battre en faveur de l’amélioration de leurs conditions de travail ! », précise-t-il.
Epuisement physique et mental
Pour les artisans, la crise renforce le sentiment d’insécurité (fortes variations de l’activité, faible visibilité sur les commandes et l’avenir, difficultés de trésorerie…) et accuentue les difficultés liées à la concurrence (multiplication des demandes de devis, réactivité, guerre des prix, contraintes de délais…).
Si globalement, ils se perçoivent en bonne santé, plus de la moitié se considère comme fatigué ou « souvent » à « très souvent » victime de stress, selon les résultats du baromètre. La plupart souffre de douleurs musculaires (79 %), tandis que près d’un sur deux accuse une fatigue importante et des troubles du sommeil (43 %).
D’autres indicateurs, plus marginaux (affectant moins d’un artisan sur quatre) complètent ce tableau peu réjouissant : il s’agit notamment de troubles émotionnels (24 %), de problèmes de vue (23 %) ou encore d’audition (16 %).
Malgré ces problèmes, liés à un « surinvestissement » dans leur travail, 43 % des artisans ont un suivi médical irrégulier voire inexistant. Entre sentiment d'isolement et fatigue, le corps dit « stop » : 7 % déclarent avoir fait un burn out (épuisement professionnel), tandis que 28 % pensent en avoir fait un.
*Enquête réalisée en France métropolitaine, via un questionnaire administré en ligne auprès d’un panel représentatif de 2 783 chefs d’entreprise artisanale du BTP, de 0 à 20 salariés, en septembre et octobre 2015. Seuls les questionnaires complétés dans leur intégralité ont été conservés pour l’analyse des résultats. L’échantillon a été raisonné de sorte à avoir une lisibilité suffisante et se rapprocher de la représentativité du secteur.
Un projet de loi en coursUne proposition de loi a été déposée en ce sens par le député socialiste Benoît Hamon, le 17 février dernier. Le texte, signé par 83 députés de gauches, suggère de faciliter l'instruction et la reconnaissance individuelle des cas d'épuisement professionnel par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles. Actuellement, la seule reconnaissance vient de la loi sur le dialogue social. Elle ne concerne cependant que les pathologies psychiques, qui doivent avoir entraîné soit le décès du salarié, soit une incapacité permanente partielle d’au moins 25 %. Mais encore faut-il pour la famille apporter la preuve du lien de causalité entre maladie et travail. |
C.T
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