Au coeur d'une aciérie, un chantier vertigineux sous haute contrainte
« La cokerie ne s'arrête jamais, tous les fours sont conçus pour travailler en permanence », explique David Nade, conducteur de travaux de la société Technirep, confronté à la principale contrainte de ce chantier très particulier, au coeur d'un site industriel sidérurgique situé à Fos-sur-Mer.
Ce chantier portait sur la rénovation de la cheminée de la cokerie, en raison de plusieurs dégradations relevées sur sa structure. En effet, le béton s'était désagrégé au fil du temps et les ferraillages étaient apparents par endroits.
Haute de 120 m pour un diamètre de 6 m, cette cheminée sert au quotidien à évacuer les gaz de chauffage circulant à l'intérieur d’une galerie souterraine située sous les 126 fours fonctionnant continuellement à 900°C. L'air qui en sort est à 250° C. À l'issue de la période de chauffe des cokes (20h à 900° C), le matériau incandescent est refroidi par 100 m3 d'eau afin d’éteindre le coke. Cette phase de refroidissement a lieu dans une tour dite « d'extinction », située au pied de la cheminée, et produisant toutes les 10 minutes un jet de vapeur brûlant à 80°C susceptible de blesser un travailleur sur le chantier.
« L'avancée du chantier était donc totalement dépendante de la météo puisque les techniciens ne pouvaient travailler que lorsque le vent du nord poussait la fumée vers le Sud, à l'opposée de la cheminée. En cas de retournement des vents, les techniciens équipés d'une combinaison ignifugée et d'un masque de protection se protégeaient à l'intérieur d'un abri installé sur la plate-forme et alimenté par une descente d'air », explique la société Fraco dans un commmuniqué. Le chantier était arrêté lorsque le vent de sud était dominant et que les fumées montaient le long du conduit par effet de vortex.
20 mois de travaux nécessaires
Sur la portion de 35 à 80 m de haut d'une surface d'environ 500 m2 exposée aux rejets de vapeur, ainsi que sur le couronnement de la cheminée, les parois d'une épaisseur de 20 cm ont du être piochées sur 15 cm et les ferraillages enlevés.
La première opération, celle de curetage, s'est avérée particulièrement délicate en raison de la surface concernée, de la fragilisation structurelle de la cheminée à cette étape, et de la prise au vent du nord qui aurait pu la faire plier en écrasant la tour d'extinction.
Afin de maîtriser les risques, la société Technirep, a choisi d'intervenir par sections décalées de façon à constituer des points de renforts successifs jusqu'à former un ensemble complet entièrement rénové.
Après le nettoyage des zones dégradées, il était nécessaire de remplacer la nappe extérieur d'acier et de projeter un béton spécial. Ensuite, une résine de protection a été appliquée sur toute la surface la plus exposée à la vapeur. Une finition rouge et blanche sur les 2000m² de développé, indicateur visuel indispensable pour les avions, est venue parachever la réfection.
Compte tenu de la hauteur de la cheminée et des équipements qui devaient être à disposition pour effectuer les travaux, Technirep a fait installer deux plates-formes à mâts ACT8 de Fraco de part et d'autre de la cheminée et reliées de chaque côté par une large passerelle de jonction. Installées à 30 m de hauteur en raison des équipements techniques, les plates-formes étaient équipées d'un treuil hydraulique utilisé pour l'approvisionnement en matériels ainsi que d'un ascenseur permettant aux hommes de rejoindre le sol.
Le treuil, d'une capacité de 1200 kg à 21m/min, a notamment permis l'évacuation des échelles et plates-formes métalliques existantes fixées sur la cheminée, en première étape d'intervention, puis leur remplacement à neuf une fois les travaux de renforcement et de finition achevés.
Suite aux études préalables, prenant en compte l'ensemble des contraintes techniques, la durée des travaux avait été estimée à 9 mois. Finalement, 20 mois ont été nécessaires pour un achèvement complet en septembre 2013.
C.T
© maslonka-Fraco/Technirep-Fraco