Vers une stabilisation de l’activité des matériaux en mai ?
Après une chute fin avril dans l’activité granulats (-8,8 %) comme celle du BPE (-7,2 %), le repli tend vers une accalmie ce mois de mai, selon la dernière conjoncture de l’Union nationale des industries de carrières et de matériaux de construction (Unicem).
Du progrès par rapport à avril, mais un déclin comparé à mai 2021
Encore une fois, l’Unicem accuse le coup du conflit russo-ukrainien, qui aggrave les tensions en approvisionnement, tant sur le marché des matières premières, que des énergies.
Les résultats du mois de mai sont certes provisoires mais indiquent une décroissance de l’indicateur matériaux (-2,7 %) sur an. Toutefois, ce fléchissement reste moins fort qu’en avril (-8,7 %).
« Après un premier trimestre en hausse de +1,4% en glissement annuel, l’activité de notre panier de matériaux se contracte désormais de -1,6% sur un an pour les cinq premiers mois de l’année, seul le segment des tuiles et briques demeurant haussier sur la période, sans doute porté par la dynamique constructive de la maison individuelle », abonde l’Unicem.
Par ailleurs, on observe un regain de croissance dans la production de granulats (+1,6 %). A noter cependant que les niveaux reculent de 4 % par rapport à ceux de mai 2021. Sur les trois derniers mois, l’activité recule de 4,9 % comparé aux trois mois précédents, et de 4,6 % comparé à la même période d’il y a un an.
Même dynamique côté BPE, où les livraisons grimpent de 3,1 % par rapport à avril, mais sont de 2 % inférieures par rapport aux chiffres de 2021. Sur le trimestre mars-avril-mail, les volumes fléchissent de 3,8 % comparé à ceux des trois mois précédents, voire de 5,8 % par rapport au même trimestre de l’année 2021. Cumulée sur les douze derniers mois, l’activité régresse de 3,2% sur un an. Cumulée sur les cinq premiers mois de 2022, l'activité recule de 1,8 %.
Les entreprises du BTP peu sereines
Or, cette évolution dans les matériaux de construction peine à rassurer les entreprises du bâtiment et des travaux publics. Si, selon l’Insee, la reprise des carnets de chantier est bien là, en particulier dans le gros-œuvre (9,8 mois), les sociétés craignent l’impact de la conjoncture sur la réalisation de leurs chantiers.
« Cette complexité à boucler l’équation coûts-prix-devis pèse sur la demande de matériaux qui pourrait au final afficher un repli en 2022, prolongeant ainsi la tendance observée au cours des trois derniers mois sur le marché du granulat et du BPE », commente l’Unicem. D’autant que selon les derniers chiffres du ministère de la Transition écologique, l’effet rebond RE2020 sur la hausse des permis de construire semble toucher à sa fin.
Et le tableau semble « un peu plus sombre » au niveau des travaux publics, dont les prises de commandes ne progressent guère depuis mars. La principale cause ? L’« atonie de la commande publique ». Résultat, les travaux réalisés en cumul depuis janvier se stabilisent certes sur an depuis janvier, mais notent un repli de 8,6 % en volume. Les prises de commandes, en hausse de 4,6 % sur la même période, affichent -4,8 %, une fois corrigées par l’inflation des coûts.
« Ce faisant, l’ajustement de la demande de matériaux devrait être plus marqué côté granulats que BPE : initialement attendue autour de +1% en 2022, l’activité des granulats pourrait se replier de - 4 % tandis que les volumes de BPE, qui devaient se stabiliser à leur haut niveau de 2021, enregistreraient un recul de -3 % », conclut l’Unicem.
Virginie Kroun
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