Un recul moindre de l'activité de l'artisanat du bâtiment en 2015, grâce à l'entretien-amélioration (Capeb)
« 2015 sera vraisemblablement encore en baisse » pour l'artisanat du bâtiment, selon le président de la Capeb, Patrick Liébus qui présentait ce jour le bilan 2014 et ses prévisions pour 2015 à la presse. Des prévisions qui ne s'annoncent guère réjouissantes, mais qui devraient être moins catastrophique qu'en 2014. En 2015, l'artisanat du bâtiment devrait en effet connaître un recul moins important qui se situerait aux alentours de – 1% (contre – 2% en 2014). Néanmoins, l’année serait marquée par une activité contrastée. Tout d’abord, cette tendance encore baissière en 2015 se traduirait par un recul de la construction neuve de – 4% à – 3%, mais par une reprise comprise entre 0,5% et 1,5% en entretien-amélioration.
De fait, si la Capeb prévoit un premier semestre en recul à l’image de la fin de l’année 2014, le second semestre devrait être pour sa part plus dynamique. « Nous espérons que le plan de relance du logement et de la transition énergétique aura des effets sensibles sur notre secteur » notamment sur ce second semestre, pour « impulser une relance que nous attendons depuis trois ans », explique Patrick Liébus.
Les effets du Plan de relance très attendus en 2015
Ce second semestre pourrait en effet bénéficier des différentes mesures initiées en 2014 : faciliter la libéralisation du foncier, favoriser l’accession à la propriété, simplifier et réduire les normes dans la construction et des aides prévues tout particulièrement dans le cadre de la transition énergétique, soumises au principe d'éco-conditionnalité (le nouveau crédit d’impôts CITE, relance de l’Eco-PTZ ou encore le programme Habiter Mieux).
« La profession a fait de gros efforts pour se former et se préparer à l’éco-conditionnalité notamment. Maintenant, il nous manque les chantiers pour mettre en œuvre ce nouveau savoir-faire et apporter toute notre valeur ajoutée », défend Patrick Liébus.
Le contexte économique global aura également un impact fort sur l’activité du secteur et dans ce domaine, plusieurs signaux positifs sont observés : la baisse de l’euro et du cours du pétrole, les taux d’intérêt bas et des perspectives économiques internationales meilleures.
Perte d'activité de 2 % en volume en 2014
L'objectif pour l'artisanat du bâtiment est surtout d'en finir avec les mauvaises années. 2014 s'est en effet soldée par -2% de perte globale d’activité en volume, s'inscrivant ainsi comme la nouvelle année consécutive de recul de l'activité.
La dégradation s’est accentuée dans la construction neuve comme dans l’entretien-rénovation. En effet, le neuf a enregistré un net recul de 6,5% (-4,5% sur l’année) tandis que l’entretien-rénovation s'est contracté de -1 % ce trimestre (-0,5 % sur l’année). Le volume des travaux d’Amélioration de la Performance Energétique des Logements affichait une croissance nulle et « ne joue plus son rôle de vecteur de croissance sur le dernier trimestre (+0,5% sur l’année)».
« Les investissements dans la construction neuve et les dépenses de travaux en entretien-rénovation des ménages sont globalement restés enrayés en 2014 », explique la Capeb. La tendance s’est aggravée en fin d’année puisque l’'artisanat du bâtiment enregistre un repli plus fort qu’attendu au 4e trimestre avec - 3%, ce qui représente la plus forte baisse de l’activité de l’année.
Moins de 300 000 logements mis en chantier en 2014
Sur un an cumulé, le nombre de mises en chantier n’atteint pas le seuil des 300 000 logements à fin novembre 2014, ce qui correspond à un recul de 11,4% sur un an.
« La construction neuve n’a pas bénéficié du dispositif d’investissement locatif Duflot dans les proportions espérées et a subi une forte baisse cette année (-4,5%). Avec des mises en chantier pour même pas 300 000 logements, l’objectif de 500 000 constructions de logements par an s’éloigne malheureusement plus encore que l’année dernière… », constate Patrick LIébus.
La situation ne s’arrangera probablement pas en début d’année prochaine puisque le nombre de permis déposés affiche une baisse de 11,9 %, ce qui représente 381 701 unités sur douze mois cumulés (entre décembre 2013 et novembre 2014 comparé à la même période un an plus tôt).
Le gros oeuvre particulièrement touché
Conséquence directe de cette baisse d’activité, les indicateurs de la santé des entreprises sont tous au rouge. « Cette année encore, l’emploi a été la première victime de la conjoncture difficile que nous subissons. La Capeb se bat pour que les entreprises aient moins de difficultés à conserver leurs salariés ou à en embaucher de nouveaux. Les nouvelles négociations concernant le compte pénibilité et la lutte contre la concurrence déloyale des emplois low cost s’inscrivent dans cet engagement, c’est pour cette raison que nous ne lâcherons rien sur ces deux sujets », commente Patrick Liébus.
Les carnets de commandes se sont raccourcis de 7 jours et représentent 67 jours de travail et les besoins de trésorerie repartent à la hausse puisque 45 % des entreprises déclarent un besoin de trésorerie (contre 40 % un an auparavant) en moyenne égal à 20 000 euros
Si tous les métiers ont souffert de la morosité économique, les métiers du gros œuvre ont été particulièrement impactés par la faiblesse des mises chantiers. En première ligne, les maçons sont de nouveau les plus impactés ce trimestre avec une baisse de - 4 %.
Fin 2014, le nombre d’entreprises artisanales du Bâtiment envisageant d’embaucher au premier semestre 2015 n’est que de 4 % (contre 6 % au même semestre de l’année précédente), alors que dans le même temps le nombre d’entreprises envisageant de procéder à des licenciements ou des non-renouvellements de contrats atteint 8 % (contre 6 % au même semestre de l’année précédente). Dans l’artisanat du Bâtiment, la chute d’activité en 2014 aurait entrainé ainsi la destruction de 12 000 emplois, soit plus de 30 par jour.
C.T