Travaux publics : l'activité ne renoue toujours pas avec ses niveaux d'avant-crise
Contrairement au secteur du bâtiment, les travaux publics ne devraient pas parvenir à renouer avec leurs niveaux d'avant-crise à fin 2021, selon les derniers chiffres de la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP).
Une chute des appels d'offre
Bruno Cavagné, président de la FNTP, explique cette lente reprise par la chute des appels d'offre. Entre janvier et octobre 2021, le nombre d'appels d'offre publics était encore 20 % en-dessous de la moyenne des trois dernières années précédant la crise sanitaire, avec un peu plus de 33 000 appels d'offre, contre une moyenne de 42 000 avant la crise.
Dans le détail, les appels d'offre provenant des communes ont baissé de 30 %, alors que ces dernières représentent habituellement 40 % du volume des appels d'offre produits.
Si les entreprises de travaux publics restent plutôt confiantes pour 2022, certaines menaces continuent néanmoins de planer sur leur activité. C'est notamment le cas des pénuries et hausses de prix des matériaux, qui impactent également le secteur. Le président de la FNTP regrette notamment les « effets d'aubaine », et l'opportunisme de certains fournisseurs face à de petites entreprises qui n'ont que « très peu de marge de manœuvre ».
Autre inquiétude qui persiste : celle des difficultés de recrutement, qui pré-existaient déjà avant la crise, avec 200 000 emplois à pourvoir dans les cinq ans. Selon les entreprises de travaux publics, les pénuries de main d'oeuvre se sont accentuées durant la crise. 40 % des entreprises interrogées déclarent désormais que le manque de personnel freine la croissance de leur activité.
Dans ce contexte incertain, la FNTP demande donc un allongement de la durée de remboursement des prêts garantis par l'État (PGE) de 6 à 10 ans.
La fédération a par ailleurs présenté les premières conclusions de son travail sur la réduction de l'empreinte carbone du secteur, alors que ce dernier vise -40 % d'émissions d'ici 2030. Selon le cabinet de conseil Carbone 4, la construction d'infrastructures représenteraient 3,5 % des émissions de CO2 en France, mais leur usage représenteraient en revanche la moitié des émissions de CO2 françaises.
D'après Bruno Cavagné, la majorité du travail reste donc à faire, avec des besoins en formation importants, non seulement pour les entreprises de travaux publics, mais aussi pour les collectivités.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock