Plusieurs mouvements écologistes se mobilisent contre le cimentier Lafarge
Plusieurs manifestations, affiliées à des groupes tels que les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion et Youth for Climate, ont eu lieu pour dénoncer l'impact climatique et sociétal de l'industrie du béton.
« Dindons de Lafarge », « béton armé », ...
À Saint-Herblain, en Loire-Atlantique, les forces de l’ordre ont dispersé ce lundi matin plusieurs dizaines de manifestants écologistes, venus avec des tracteurs devant un site Lafarge, et vêtus de combinaisons blanches et de masques. Des slogans comme « Attention cimenterie » et « Béton armé » ont été peints en rouge sur des panneaux de signalisation routière.
12 personnes ont été interpellées et 14 vérifications d'identité ont été faites par la Direction Départementale de la Sécurité Publique.
Des actions similaires à ce week-end, où près de 150 personnes manifestaient devant une unité de production de béton en bord de Seine à Paris, avec des banderoles qui affichaient « Laisse béton », ou encore « Dindons de Lafarge ». Des manifestations ont également eu lieu à Saint-Barthélémy d’Anjou (Maine-et-Loire), ou encore à Sainte-Cécile (Saône-et-Loire) contre un projet d’extension d’une carrière, dont l’exploitant est une filiale de Vinci Construction.
« Nous nous réapproprions les lieux occupés par les bétonneurs afin d'ouvrir un espace de parole aux luttes locales qui se battent contre l'accaparement des terres et la bétonisation des projets pharaoniques du Grand Paris ou des JO 2024 », ont expliqué les organisateurs. Ces actions visaient également à dénoncer les nombreuses dérogations à l’objectif « Zéro artificialisation nette » (ZAN), critiquant les projets de développement entrainant la destruction d’espaces naturels.
Un site Lafarge forcé
Malgré les revendications pacifiques, certains incidents ont éclaté, notamment à Val-de-Reuil (Eure), où le sous-préfet de Bernay, Philippe Fournier-Montgieux, a rapporté une intrusion violente ce dimanche sur un site Lafarge. Il a déclaré qu’une centaine de personnes « cagoulées et masquées » ont forcé l'accès au site, ajoutant que le gardien avait été « séquestré » dans une pièce, jusqu’à l’intervention de la police une dizaine de minutes plus tard.
Les autorités ont pris des mesures pour empêcher ces manifestations aux abords des établissements de Lafarge dans plusieurs régions. Les organisateurs de ces mouvements ont nié tout acte de séquestration, et ont affirmé que leur action ciblait non pas des individus, mais une « filière industrielle écocidaire ».
Le sous-préfet de Bernay a précisé qu’une enquête était ouverte et que « la centrale pourra redémarrer normalement lundi ». Le montant des dégâts, lui, pourrait s'élever à plusieurs centaines de milliers d'euros.
Les professionnels du secteur du béton reconnaissent que la production de ciment et de béton représente 8 % des émissions mondiales de CO2, plus que les transports aérien et maritime réunis. « Chez Lafarge nous estimons que les organisateurs de ces actions sur nos sites industriels se trompent de cible », a réagi le géant du secteur, assurant que l'« entreprise est entièrement mobilisée dans la décarbonation de ses activités et de ses produits ».
Marie Gérald (avec l'AFP)
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