« Plus on construit complexe, plus il y a de sinistres » (Stelliant)
« Phénomène national subi par les secteurs de la construction et du bâtiment, la flambée des prix des matériaux et la demande de plus en plus exacerbée, sont autant de causes qui complexifient l'acte de construire et de fait la gestion des sinistres », observe Stelliant Expertise, groupe d’experts en assurance, dans une tribune ce lundi 28 février.
« La pénurie des matériaux et [la hausse] de leurs prix font que l’entreprise [du BTP] n’a pas d’autre choix que d’honorer les commandes. A partir de là, il faut qu’elle s’organise pour assumer son chantier, ses commandes et ses délais. Et je pense que les délais ont toujours été un sujet à part de l’explication des sinistres », commente Olivier Cathebras, co-signataire de la tribune.
Une double problématique entre besoin de main d’œuvre et de matériaux
Le responsable du Secteur Provence de Stelliant Expertise Construction développe : « Il faut [que les artisans du BTP] s’approvisionnent en matériaux, sinon le chantier est bloqué. A partir de là, il faut contourner la difficulté en pressant les plannings, en faisant plus qu’avant appel à la sous-traitance – et il faut contrôler en chaîne cette sous-traitance et ce n’est pas non plus la priorité des entreprises - (…), trouver des matériaux alternatifs si on ne peut pas s’approvisionner en matériaux classiques (…) ».
Cela peut donc guider le professionnel vers des matériaux moins chers, optimisant sa quantité, mais qui « demandent beaucoup plus de soin en termes d’exécution », abonde-t-il. La double problématique du recours à la sous-traitance et à de matériaux alternatifs, sous l’urgence des deadlines à respecter, peut mener à des défauts et donc des sinistres. Un goulet d’étranglement qui en cache bien d’autres, en particulier les réglementations de la construction.
Parmi les cas de figure à l’échelle de Stelliant Expertise Construction, Olivier Cathebras cite principalement des travaux liés à la plomberie et l’étanchéité.
« Il y a quelques années, pour poser un receveur de douche, j’exagère, mais on le jetait par terre et ça fonctionnait pas si mal que ça, parce qu’il avait une certaine masse, une certaine résistance, etc. Aujourd'hui, pour X raison, avec la modification de la réglementation pour les personnes à mobilité réduite, on est sur des receveurs qui sont ultra-plats, ultra-légers, et pour les mettre en œuvre, il faut une qualité de mise en œuvre très particulière et relativement fine », nous raconte-t-il.
Il poursuit : « Et ces conditions de mise en œuvre viennent rencontrer les difficultés du planning, de la sous-traitance (…) Et sur les receveurs de douches, au niveau de Stelliant et des autres cabinets, on a relativement beaucoup de sinistres, qui sont des fois généralisés, avec des infiltrations, des casses de receveur, avec une suspicion soit de défaillance du produit, soit de mise en œuvre ».
Et les craintes de dégâts devraient se prononcer avec la récente application de la RE2020. La nouvelle réglementation sème déjà le doute chez les experts en sinistralités, quant au statut à accorder au non-respect des normes environnementales.
« Plus on construit complexe, tant au niveau des produits et que des procédés, plus il y a de sinistres. Une entreprise exécute bien des ouvrages quand ils sont traditionnels, quand ils sont simples et tolérants dans leur exécution. Des fois au niveau expertise, on voit des fiches techniques de tel ou tel produit, on ne voit pas comment ça peut être mise en œuvre de manière satisfaisante dans un planning classique de chantier, avec les aléas sur la pluie, sur la météo, sur les absences », s'interroge Olivier Cathebras.
De quoi attirer chez Stelliant Expertise Construction davantage de sollicitations des promoteurs, qui détectent des sinistralités et veulent en connaître les origines, et pour qu’eux-même fassent de la sensibilisation à l’échelle des entreprises.
Virginie Kroun
Photo de Une : Stelliant