Plancher chauffant rafraichissant, la solution pour affronter la canicule ?
Alors que la RT 2000 puis la RT 2005 faisaient plutôt référence à « la performance du chauffage », la RT 2012a donné une nouvelle dimension à la notion de « confort et de bien-être ». Florent Kieffer, Président de Cochebat, explique « Aujourd’hui, les gens ont légitimement un peu plus d’exigences que par le passé. La vieille donnée réglementaire des 19° tend à disparaître. Depuis le Grenelle de l’Environnement, on est devenu pour une fois assez pragmatique. On n’impose plus de se chauffer à 19° pour être à la fois écologique et économique. On dit aux gens « soyez confortables chez vous avec des solutions performantes ». Le confort thermique dépend de plein de facteurs, essentiellement des occupants mais aussi du moment de la journée, du taux d’humidité, etc. ».
Quelles sont les solutions préconisées par Cochebat pour plus de confort ?
« On estime que nos solutions rayonnantes réversibles rentrent parfaitement dans cette notion de confort. L’usager va pouvoir, avec ces solutions qui sont maintenant réactives, régler la température comme bon lui semble dans chacune des pièces, qu’il soit présent ou pas ».
« On est sur des solutions qui bénéficient de la physique du rayonnement. Il n’y a pas de mouvement d’air, de poussières, c’est-à-dire que l’on va préserver un air sain dans la maison. On n’assèche pas l’air et on va conserver une hygrométrie constante ».
Comment fonctionne un plancher chauffant réversible ?
« C’est un circuit fermé d’eau qui va entrer à une certaine température et va sortir à l’autre bout de la pièce avec une température moindre parce qu’il va avoir libérer ses calories par rayonnement. Au contraire quand il est en mode rafraichissant, il va absorber les calories de la pièce ».
Pour son fonctionnement, « n’importe quel générateur va faire l’affaire mais aujourd’hui les mieux adaptés sont ceux qui ont une température de sortie qui peut être réglée, donc une chaudière à gaz ou une chaudière hybride. La pompe à chaleur est certainement le système le plus pertinent aujourd’hui parce que la PAC est par définition réversible. Elle permet de faire du froid, donc là on utilise un autre avantage de ce système qui est de faire de l’abaissement de température (jusqu’à 5°), ce n’est pas un froid agressif ».
La méfiance était de mise concernant les PAC, où en est-on aujourd’hui ?
« Les premières PAC devaient chauffer très fort parce que les maisons n’étaient pas forcément très bien isolées. On avait des PAC qui devaient émettre de très fortes puissances, donc pas mal de nuisances. Et il n’y avait pas forcément le réseau de maintenance qui est désormais déployé en France. Donc ça a fait de la contre-performance. On est dans un milieu un peu traditionnel et changer les habitudes, ce n’est pas aussi simple que cela ».
« Les PAC ont ensuite gagné en fiabilité. C’est un marché qui a littéralement explosé. Les puissances à développer sont bien inférieures à ce qu’il y avait avant. Donc on a une technologie qui est moins sollicitée, on a un réseau de maintenance qui s’est densifié, il y a eu des incitations fiscales très importantes qui ont aidé au développement de ce type de générateurs et qui plus est, on est sur un générateur qui consomme peu d’énergie fossile ».
Le marché des planchers chauffants rayonnants est en croissance (+ 7%), comment l’expliquez-vous ?
« Nos systèmes ont fait des progrès. D’une part, ils sont plus réactifs que par le passé et d’autre part, ils ont besoin de beaucoup moins de température pour chauffer les pièces. On a maintenant une limitation de température de sol à 28°. Les chapes qui enrobent les tubes sont de plus en plus fines donc on a de moins en moins d’inertie pour monter en température et réciproquement pour descendre. Et on peut faire avec la domotique, la régulation pièce par pièce. On est passé du chauffage au confort. Et ça, c’est la RT 2012 et l’isolation du bâti qui l’ont permis ».
« Il y avait en effet une dichotomie dans la vision du plancher chauffant. Dans le collectif, on régulait par la fenêtre. On avait des tubes d’acier qui étaient chauffés à 70/75° qui n’étaient pas réglables. On a vite associé le plancher chauffant à de l’inconfort. Et dans la maison individuelle, c’était du très haut de gamme. On a réussi à casser l’image du collectif et on a fait des solutions de plus en plus économiques à l’achat (pour une installation à environ 60 euros / m2), de plus en plus maîtrisées ».
« La réversibilité des solutions est intéressante, notamment pour gérer l’intersaison. Il faut avoir des systèmes qui régulent très rapidement ». Les planchers chauffants s’inscrivent également « dans tous les enjeux sociétaux : réduction du foncier ou encore réduction des surfaces habitables. Dans une maison de 80 m2, le fait de ne pas mettre de radiateurs, ça vous permet de gagner 6 à 7% de surface habitable. De plus, les surfaces rayonnantes sont faiblement consommatrices ».
Où se situent ces solutions en termes d’économies d’énergie ?
Sur un système plancher chauffant + PAC, « par rapport à des corps de chauffe traditionnels et des rayonnants traditionnels, on est entre 8 et 11% d’économies d’énergie ».
Qu’en est-il de l’entretien ?
« Quand le plancher est bien posé, il n’y a pas d’entretien. Il peut y avoir un problème qui sont les boues. L’eau, à l’intérieur du circuit, va devenir moins fluide. En général, c’est parce qu’il y a eu une prise d’air. Pour s’en prémunir, on peut mettre un additif dans l’eau. Mais quand c’est bien posé et bien dimensionné au départ, il n’y a pas d’entretien ».
On retrouve plus souvent la solution dans le neuf mais elle connaît un certain développement dans l’ancien…
« De plus en plus parce qu’encore une fois, les technologies ont évolué, les tubes sont plus petits, les dalles sont plus petites. Au niveau des planchers, on est de l’ordre de 20 mm voire légèrement inférieur, donc on a des solutions qui sont adaptées à la rénovation. Ça reste bien sûr une rénovation assez importante ».
Dernier point, qu’attend Cochebat de la future RE 2020 ?
« Une mise en avant des solutions de plancher chauffant rayonnant dont le plus grand des défauts, est d’être cachées. Elles sont à la fois dans le bâti et hors bâti. On espère que la RE 2020 nous donne l’opportunité d’être un peu plus visible, et que les pouvoirs publics considèrent ces solutions comme pertinentes ». « La RE 2020 c’est un cocon qui nous va bien parce qu’elle met en avant les qualités natives de ces solutions-là. J’en attends qu’on reste dans le pragmatisme dont ont pu faire preuve les pouvoirs publics, c’est-à-dire d’associer les enjeux environnementaux aux enjeux économiques des ménages sans sacrifier le confort ».
Propos recueillis par Rose Colombel
Photo de une : ©Cochebat