Pérenniser l’activité couverture : l’exemple de Couv’Habitat
Pourquoi embellir la toiture au moment de la rentrée ?
Arnaud Dufour : Déjà parce que juste avant l'été, les ménages ne s’intéressent plus trop à leur maison, et ne pensent qu'à partir en vacances. Dès la rentrée, ils se préoccupent un petit peu de leur maison pour faire un petit peu d'embellissement avant l’hiver. C’est-à-dire tout ce qui est travaux de gouttières, sous-faces PVC, Velux, nettoyage de toiture, démoussage…
Des fois, suivant notre flux de demandes, on essaie de finir les rénovations complètes de couverture, mais c'est vrai qu’on fait plutôt cela à partir de mars-avril.
Comment est née la structure Couv’ Habitat ?
Arnaud Dufour : Avant d’intégrer Couv’Habitat, j’avais ma boîte de couverture et j’étais seul avec mes sept gars. J’étais un ami de Marlon [dirigeant de Prop’Habitat], qui s’était rendu compte qu'il avait énormément de demandes chez Prop’Habitat de pose de Velux, de gouttière, de couverture complète.
Du coup, je suis rentré avec mon entreprise ADC Couverture, avec mon expérience, mes gars, mes camions, mes dépôts, mes nacelles… Elle a été reliée directement à Prop’ Habitat [et rebaptisée Couv’Habitat, NDLR]. On se redonne les contacts et les deux entreprises se font travailler. Prop’Habitat emploie cinq personnes. Chez Couv’Habitat, nous sommes quatre. Il y a une secrétaire et des sous-traitants qui interviennent, selon le but des chantiers.
On est vraiment spécialisé dans la rénovation. Tout ce qui est construction neuve, on ne fait pas. Il y a une très forte demande en couverture. Cela fait vingt ans que je fais ce métier. Il suffit juste d'être sérieux, et généralement, le bouche-à-oreille fait son boulot, et derrière, il y a du travail. C'est vraiment l'expérience qui paye, comme l'écoute de mes clients et le fait de connaître exactement leur projet. En prévision travaux, on a à peu près entre 6 mois et 8 mois d'avance en termes de carnets de commandes.
Pensez-vous que les derniers arbitrages autour de MaPrimeRénov’ peuvent impacter votre activité ?
Arnaud Dufour : Oui et non. Les chantiers d’embellissement sont toujours en attente, parce que cela reste une question d’esthétique. Mais dès qu’il y a des réels besoins en couverture, comme des fuites ou autres situations d’urgence, cela se fait assez rapidement.
Pour tout ce qui est rénovation énergétique, il y a une très forte demande : isolation, couverture… Nous ne sommes pas labellisés RGE tout de suite et n’avons pas encore réalisé tous les dossiers. Notre secrétaire s'occupe de ça et a passé un temps monstre là-dessus, même nous à monter les dossiers, prendre des rendez-vous ou de photos spécifiques des chantiers. Il faut répondre à des normes sur beaucoup de choses.
Cela demande une organisation pour laquelle je n’ai pas fait d’études. Entre les chantiers et la gestion des gars, cela devient très énergivore.
Beaucoup de professionnels remettent en question la crédibilité du RGE. Est-ce votre cas ?
Arnaud Dufour : Non quand même, parce qu'ils font super attention à leur dossier. Les gens qui les traitent connaissent leur travail. Cela montre un sérieux, mais aussi que l’entreprise est structurée, doté d’un vrai secrétariat.
Toutefois, toutes les entreprises, notamment les petites, ne peuvent pas se permettre de se doter d’un vrai pôle administratif…
Arnaud Dufour : Oui, cela a quand même un coût. Car avec Marlon, on voulait vraiment monter une évolution de la boîte. Du coup, on était obligés de prendre une secrétaire, sinon, avec le flux devis, de facturations, de comptabilité, on allait se perdre là-dedans et perdre beaucoup de temps.
Est-ce que le recrutement est un autre contrainte ?
Arnaud Dufour : C'est très compliqué. J'en ai fait des tests avec des gars qui sont assez jeunes, mais personne ne tient... C’est vrai que c'est un métier dur, je ne peux pas le nier. Il fait chaud, il fait froid, on a les mains et les genoux qui s'abîment, on a mal au dos. Maintenant, chez nous, il y a des échafaudages, des monte-charges, des harnais, des gants de travail, des EPI. J’optimise toujours la santé de mes salariés. Les salaires sont convenables, mais on reste ouverts à l’idée de les augmenter, si on voit que cela donne en face, s’ils sont motivés.
Il y a certaines petites boîtes qui ne mettent pas tout en place pour pouvoir bosser correctement. Surtout au démarrage d’une entreprise, on n’a pas les moyens de mettre tout le monde en sécurité.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Couv’Habitat