Modernisation de Paris Expo Porte de Versailles : un projet sur 10 ans
La première phase s’achèvera en 2017 et prévoit la rénovation du parvis et de l’allée centrale et également des pavillons 1, 4 et 7, ce dernier étant la grande attraction du chantier mené par Eiffage, puisqu’il accueillera le futur « Paris Convention Centre ».
La deuxième phase débutera en 2018 pour une fin prévue en 2020 (pavillon 6, parking C et hôtels) tandis que la troisième et dernière phase se déroulera entre 2021 et 2024 avec la rénovation des pavillons 2 et 3, la construction d’un restaurant et de jardins communautaires.
10 ans de travaux seront donc nécessaires pour redonner un coup de jeune au site, une période qui peut paraître longue mais qui permet de « maintenir les expositions durant les travaux », précise Pablo Nakhlé-Cerruti, Directeur délégué de Viparis.
70 000 m2 d’espaces verts dont 52 000 m2 de toitures végétalisées ainsi que 1,7 km de couronne végétale vont changer le paysage urbain qui jusqu’alors pouvait paraître « hostile. L’idée est de rendre le parc à la ville de Paris. Celui-ci sera non seulement ouvert aux exposants et aux visiteurs mais aussi aux riverains », explique M. Nakhlé-Cerruti.
Les travaux sont de grande ampleur et « nécessitent la participation de 350 compagnons et d’une cinquantaine de cadres », souligne Jean-Philippe Galhardo, Directeur d’exploitation Construction Grands Projets.
Les architectes Dominique Perrault (pavillon 1), Christian de Portzamparc (pavillons 2 et 3), Jean Nouvel (6) et Valode & Pistre, ont été choisis pour représenter le « génie français » et apporter modernisme et luminosité au site.
Un pavillon 7 aux grandes expectatives
« La notion d’exposition universelle est inhérente au projet », indique M. Nakhlé-Cerruti. Il ajoute : « notre but est que la Porte de Versailles participe de plein droit à la programmation culturelle de Paris et permette à la France d’accueillir des congrès qu’elle ne pouvait pas accueillir jusque-là ».C’est dans cette perspective que Viparis a développé l’idée de construire le « plus grand et le plus beau » centre de congrès d’Europe.
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Le futur « Paris Convention Center » prendra place au sein du Pavillon 7 dont la surface atteint les 72 000 m2 (soit le tiers de la surface totale du Parc des Expositions) et pourra accueillir près de 30 000 congressistes.
Les niveaux 1 et 2 du pavillon 7 seront dédiés aux expositions (44 000 m2) tandis que le niveau 3 accueillera une salle plénière d’une capacité de 5 200 places assises.
« La toiture sera ajourée. Le centre de congrès sera donc unique car il ne sera pas enterré. Il bénéficiera de la lumière du jour. La plénière sera connectée avec les 44 000 m2 d’expositions des autres niveaux », explique M. Nakhlé-Cerruti.
Et ce n’est pas tout. Le Centre de Congrès sera modulable grâce un réseau de rails fixés au plafond et à 1,5 km de panneaux qui pourront être déplacés à loisir par les exploitants du site.
Le 4e niveau sera doté d’un jardin terrasse offrant une vue imprenable sur Paris, d’une salle événementielle (privatisable) et à terme d’un complexe hôtelier.
Une rénovation du pavillon 7 aux nombreux défis
Le pavillon 7, construit dans les années 60 par les architectes Raymond Gravereaux et Gilles Thin, est caractéristique de l’architecture « brutaliste » de l’époque.Pour valoriser et moderniser la structure originelle en béton armé, Denis Valode et Jean Pistre, de l’agence d’architectes Valode & Pistre, ont imaginé un tout nouveau pavillon où le verre serait omniprésent.
En façade nord, au droit de l’atrium, les parties opaques existantes seront intégralement ajourées et une nouvelle façade largement vitrée sera créée. Les vitrages auront une forme plissée en référence au perpétuel mouvement des expositions.
Mais qu’en est-il des travaux de restructuration et de rénovation du pavillon 7 ?
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Les problématiques techniques sont multiples : « la déconstruction du béton armé engendre des nuisances et de la poussière tandis que le béton précontraint a rendu délicate la reprise des charges du bâtiments nécessaires dans le cadre de sa mue », précise Eiffage.
Avant toute chose, la rénovation du Pavillon 7 est passée par le renforcement du squelette de la structure et par une reconstruction avant démolition pour éviter tout risque d’effondrement.
Le Hall de distribution-Services du Nord du Pavillon 7, conçu avec des planchers-caissons, a privilégié une restructuration inversée. « Une fois les réseaux consignés, nous avons curé le bâtiment : les cloisons non porteuses ont été ôtées, les façades déposées, les revêtements de sols enlevés...», une opération qui aura durée trois mois, précise le groupe.
De nouvelles fondations (poteaux, poutres, voiles) ont alors été créées pour assurer une reprise des charges et permettre une démolition des planchers.
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Un curage a également été réalisé dans la salle Electric où l’étanchéité est actuellement enlevée afin de préparer la démolition de la toiture plissée. « La démolition étant effectuée à l’aide d’une pelle de 16 tonnes, les niveaux inférieurs 7.3 M et 7.3 ont été sous-étayés. La méga poutre sera renforcée après démolition de la toiture plissée », précise Eiffage dans un communiqué.
Pour créer la salle plénière, Eiffage a dû libérer plus de 4 900 m2 en déconstruisant les poutres et les poteaux centraux de l’étage. L’opération était contraignante puisque la structure en béton précontraint engendrait une problématique de charges : « une démolition traditionnelle aurait libéré la tension des câbles internes, entrainant un risque d’effondrement des poutres », explique Walid Besmaine, Ingénieur Travaux Eiffage.
Eiffage a donc imaginé une déconstruction avec un SMTP « Kamag » pour que les charges des poutres soient absorbées et que leur transfert soit effectué de manière uniforme sur le plancher. En effet, les roues automotrices du SMTP font que la pression exercée par les charges soit plus diffuse et encaissée par le bâtiment.
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L’état de conservation des structures existantes a été vérifié quotidiennement notamment grâce à des cordes optiques placées sous le plancher. « En contrôlant l’amplitude des déformations engendrées par le passage du Kamag chargé, elles prévenaient de toute anomalie », précise M. Besmaine.
Après avoir été sciées sur place, les poutres ont été déplacées à l’extérieur du bâtiment pour être détruites à l’aide de pelleteuses. Les poteaux centraux ont suivi le même cheminement, mais ont été transportés à l’aide de camions-grues.
Enfin, pour prévenir tout risque d’hors d’eau en amont de la déconstruction du plafond supérieur, *Eiffage Construction Grands Projets a réalisé une étanchéité provisoire du plancher 7.3.
L’ensemble des travaux devrait se finaliser en 2017. Prochaine étape pour le pavillon 7 : la pose de la verrière qui débutera en avril. Les poteaux périphériques ont d’ores et déjà été nivelés et solidifiés : « A présent moisés entre eux, ils sont prêts à accueillir la future charpente », conclut le communiqué du groupe Eiffage.
*Eiffage Construction Grands Projets mandataire du groupement, coordonne l’ensemble des entités du Groupe mobilisées sur l’opération : Goyer, qui intervient sur la façade principale du Pavillon 7, Eiffage Énergie, qui prend en charge l’ensemble des courants forts et faibles du Pavillon 7, ainsi qu’Eiffage Thermie qui gère le CVC et les fluides sur toutes les zones concernées par le marché.
R.C
Photo de une : ©Viparis-L'AUTRE IMAGE