Les ventes de PAC Air/Air ont bondi ces 10 dernières années
Les pompes à chaleur (PAC), notamment Air/Eau, ont été particulièrement soutenues ces dernières années au travers des dispositifs d’aides à la rénovation énergétique. L’objectif : inciter les Français à remplacer leur vieille chaudière fioul ou gaz par ces solutions utilisant une énergie renouvelable – l’air – et une énergie décarbonée en France – l’électricité.
Fin 2023, le président Emmanuel Macron avait annoncé vouloir tripler la production française de PAC pour atteindre un million d’unités d’ici 2027 et créer 45 000 emplois. « Ces annonces concernaient plutôt la PAC Air/Eau», précise toutefois Vanessa Fournet, directrice marketing client et communication Atlantic PAC Air/Air et traitement de l’air.
Si elles sont plus souvent fabriquées en Asie qu’en Europe que les PAC Air/Eau, les PAC Air/Air permettraient tout de même de réaliser jusqu’à 58 % d’économies d’énergie par rapport à un radiateur électrique classique. « La PAC Air/Air, c’est vraiment le remplaçant idéal des radiateurs électriques », affirme Benjamin Vasco, responsable marketing produit PAC Air/Air chez Daikin.
La PAC Air/Air plébiscitée pour son confort thermique en toute saison
Autre atout non négligeable : la PAC Air/Air réversible fait office de chauffage l’hiver, mais aussi de climatisation l’été. Ce qui peut expliquer son succès ces dernières années, dans un contexte de recherche de confort thermique en toute saison. « Le marché de la PAC Air/Air a vu ses volumes multipliés par 2,5 sur les 10 dernières années », souligne Vanessa Fournet.
« On a de plus en plus de consommateurs qui rentrent par la porte du chauffage et qui veulent du chauffage et faire des économies d'énergie, et en même temps se rafraîchir l’été », explique la directrice marketing client et communication d’Atlantic. « Ce qu'on remarque comme tendance ces dernières années, c'est que les particuliers qui ont une climatisation dans le salon vont aussi en mettre dans les chambres», ajoute-t-elle.
Le Air/Air au beau fixe, le Air/Eau en recul
Ainsi, en 2023, les installations de PAC Air/Air ont bondi de 12 % par rapport à un an plus tôt, avec 900 000 unités extérieures installées, selon Uniclima, contre 350 000 installations dix ans plus tôt.
Par comparaison, les ventes de PAC Air/Eau, ont quant à elles dégringolé en 2023, avec 300 000 installations, soit -14 % par rapport à un an plus tôt.
Cette baisse de la PAC Air/Eau s’expliquerait notamment par « un cocktail détonant de plusieurs facteurs », selon Benjamin Vasco. En plus de l’inflation, la réforme de MaPrimeRénov’ annoncée par le gouvernement au mois de juillet 2023 aurait créé « une forme d’attentisme ».
La conséquence ? « Une baisse de 26 % du nombre de dossiers coup de pouce chauffage en 2023 » puis « une baisse de 40 % du nombre de dossiers MaPrimeRénov’ au premier trimestre », constate le responsable marketing produit PAC Air/Air chez Daikin.
« C’est la PAC Air/Eau qui a été fortement touchée. Le marché de la PAC Air/Air – qui dépend moins des aides à la rénovation – a été moins concerné par cette dynamique négative », précise-t-il.
Si le gouvernement a rectifié le tir en début d’année 2024, autorisant de nouveau les travaux monogestes pour tous les logements du 15 mai au 31 décembre 2024, les revirements n’ont pas aidé, selon Pierre-Yves Raketamanga, directeur marketing résidentiel chez Mitsubishi Electric. « Les changements de règles en début d'année, puis revirements en cours de route, font que cela a un peu perdu le consommateur final. Cela a moins impacté les professionnels, qui savent en général rebondir et essayer de remettre en avant les offres », observe-t-il.
Par ailleurs, les rebondissement politiques, la dissolution de l’Assemblée nationale, et une météo morose au printemps et en début d’été n’ont pas incité les Français à se lancer dans l’achat d’une PAC Air/Air. « On espérait tous que l’été serait plus positif, y compris pour la PAC Air/Eau, mais force est de constater que le dernier épisode politique actuel fait que, de nouveau, les Français sont un peu dans l’attente et n’investissent pas. Entre les problématiques économiques, géopolitiques et météorologiques, on arrive à une situation où le marché est un peu bloqué », regrette le directeur marketing résidentiel de Mitsubishi Electric.
Toutefois, le potentiel de déploiement de la PAC Air/Air reste important dans les années à venir, alors que seulement 17 % des résidences principales en sont équipées, et que 5,2 millions de passoires énergétiques devront être rénovées.
Réglementation F-Gaz, économies d’énergie… des défis à relever pour les fabricants
Mais pour pouvoir prospérer, les fabricants de PAC devront anticiper les défis et les échéances de la réglementation européenne F-Gaz, qui interdit progressivement l’utilisation de certains fluides frigorigènes.
L’objectif de cette réglementation : utiliser des fluides frigorigènes qui ont un PRP – un potentiel de réchauffement planétaire – moins important, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre en cas de fuite.
« Un nouveau texte a été signé le 11 mars 2024. Il donne un calendrier de bannissement de l'usage de certains réfrigérants dans notre secteur d'activité. Cela implique que pour les produits PAC Air/Air destinés au marché résidentiel, on ne pourra plus commercialiser de système fonctionnant avec du R32 à partir du 1er janvier 2029. Cela oblige les industriels à réfléchir à d’autres alternatives », nous résume Benjamin Vasco.
Parmi les alternatives au R32 étudiées par les industriels : le R454C, le R474A, ou le R290 (propane). C’est sur ce dernier fluide que Mitsubishi Electric a misé, annonçant le basculement de sa gamme en R32 vers le R290.
« Sur le Air/Eau c’est un mouvement naturel que tout le monde est en train de faire actuellement. Sur du Air/Air en solution split, c’est un peu en avance parce que les échéances sont plutôt pour 2035-2036, donc dans une dizaine d’années », précise le directeur marketing résidentiel de Mitsubishi Electric, qui annonce que le fabricant lancera un nouveau produit au R290 « très certainement en 2025 ».
Pour réduire l’impact carbone de leurs produits et permettre au client final de réaliser des économies d’énergie, les fabricants de PAC misent également sur la domotique, au travers d’applications de contrôle à distance, comme CozyTouch pour Atlantic, ou MELcloud pour Mitsubishi Electric. Cette dernière application – qui existe depuis plus de 10 ans – sera d’ailleurs modernisée d’ici le début d’année prochaine, notamment pour « pouvoir continuer le développement avec des partenaires du monde de la maison connectée », explique Florian Houel, chef de produit senior chez Mitsubishi Electric.
Ces dernières années, les industriels ont également développé de nouvelles solutions visant à moins consommer. C’est notamment le cas de la technologie « inverter », « un mode de fonctionnement du compresseur qui évite des faire des démarrages et des arrêts brusques », rappelle Vanessa Fournet.
> Consulter le dossier spécial Climatisation
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock