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Les constructeurs espagnols se tournent vers la lumière

Publié le 02 octobre 2006

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Les sociétés espagnoles de construction, dopées par des années de boom immobilier, se tournent désormais vers l'électricité, comme en témoignent cette semaine les prises de participation d'Acciona et ACS dans le capital de deux leaders du secteur de l'énergie, Endesa et Iberdrola.
"Maintenant la construction est à un pic dans son cycle et les grandes compagnies du secteur essaient de se diversifier", explique Antonio Lopez, chef analyste pour le groupe de bancassurance belgo-néerlandais Fortis. Dopées par des années de forte croissance (l'Espagne est l'économie la plus dynamique de la zone euro) et un marché de l'immobilier et des grands travaux particulièrement bouillonnant, les grandes entreprises de la construction anticipe la fin de l'euphorie dans la péninsule et cherche à se diversifier.

Ainsi ACS, numéro un espagnol du BTP avec un chiffre d'affaires annuel de plus de 12 milliards d'euros, "suit depuis peu une politique agressive de diversification, pour réduire l'influence de la construction dans ses activités et accroître sa présence sur des secteurs bénéficiant de fortes perpectives de croissance", observe la banque suisse UBS dans une analyse. Illustration de cette volonté de diversification, ACS a pris, cette semaine, une participation de 10% dans Iberdrola pour un montant de 3,33 milliards d'euros, devenant au passage premier actionnaire de la société, numéro deux de l'électricité espagnole. Cette prise de position a suscité d'intenses spéculations sur un possible rapprochement entre Iberdrola et le numéro trois du secteur, Union Fenosa, dont ACS est actionnaire de contrôle depuis quelques mois, avec une part d'environ 35%.

ACS a laissé en suspens cette question, affirmant mercredi n'avoir pris "aucune décision" sur une éventuelle fusion entre Fenosa et Iberdrola, expliquant que son entrée dans le capital d'Iberdrola illustrait son "fort intérêt" pour l'énergie. Quelques heures avant, c'était un autre grand du BTP espagnol qui faisait irruption sur le marché ibérique de l'énergie: Acciona annonçait l'achat pour 3,38 milliards d'euros de 10% du capital d'Endesa, déjà l'objet de deux OPA concurrentes de la part de l'allemand E.ON. et de l'espagnol Gas Natural.

Acciona, qui affiche à terme son ambition de porter à 24,9% sa part dans Endesa, juste sous le seuil légal des 25% obligeant à lancer une OPA, est venu compliquer un peu plus le feuilleton pour la prise de contrôle du groupe d'électricité et obligé E.ON à relever son offre. Il n'est pas étonnant que des compagnies devenues financièrement très solides, comme celles de la construction espagnole, soient tentées d'investir dans l'électricité, explique l'analyste de Fortis, Antonio Lopez. "Le marché espagnol de l'électricité est plus dynamique que le reste de l'Europe, avec une progression deux fois plus importante de la demande que sur le reste du continent", souligne M. Lopez. La demande pour l'énergie électrique a progressé en Espagne de 4,4% l'an passé après +4,5% en 2004 et cet été, la consommation a battu des records alors que la vague de chaleur de juillet dopait l'usage de l'air conditionné, dévoreur d'électricité.

De plus, explique encore M. Lopez, "les prix de l'électricité en Espagne sont actuellement plutôt bas et on peut s'attendre à des relèvements de tarifs", ce qui profitera in fine aux comptes des sociétés du secteur. La décision pour un constructeur d'investir dans l'énergie "n'est aucunement une question de synergies" car ces deux secteurs ne sont pas liés, mais découle plutôt d'une "opportunité de diversification" dans un secteur électrique en pleine recomposition, résume M. Lopez.

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