Le construction face à une hausse historique des défaillances d’entreprises en 2023
Avec plus de 57 700 procédures ouvertes au cours de l’année, le nombre de défaillances a connu une nette augmentation de près de 36 %, par rapport à l’année précédente. Cette hausse vient s'ajouter à la croissance record de 49 % enregistrée en 2022.
Le dernier trimestre de 2023 met en lumière les difficultés croissantes des acteurs économiques, avec un pic de 16 800 entreprises en faillite, et atteint son niveau le plus élevé depuis 2012-2013. Cette période rappelle la récession de 1992-1993, lorsque la France avait franchi pour la première fois le seuil des 60 000 faillites.
« Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts, consommation qui flanche, forment un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées après une succession de crises », déclare Thierry Millon, directeur des études d'Altares, soulignant que « même les plus grands acteurs ne sont pas à l'abri ».
Plus de 14 000 entreprises en faillite
Le secteur de la construction ne fait pas exception. Avec 14 112 entreprises en faillite, soit une augmentation de 40,7 % par rapport à l'année précédente, le secteur représente 24 % du total des faillites. Les activités de gros œuvre (+44,1 %) et de second œuvre (+38,9 %) sont les plus touchées, avec la maçonnerie générale (+50,5 %) et les travaux d'installation électrique (+48,3 %) en première ligne.
La situation géographique a également son importance, avec une concentration des défaillances dans les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Île-de-France, représentant à deux un tiers des faillites. La région Île-de-France, qui abrite de nombreux sièges sociaux de grosses entreprises, se rapproche de ses niveaux de défaillances de 2015, tandis que l'Auvergne-Rhône-Alpes connaît une hausse de 38 %.
« En ce début d’année 2024 l’incertitude gagne du terrain. En dépit des crises successives qui s’enchainent depuis le début de la décennie, l’économie réelle tient mais les trésoreries des entreprises sont mises à mal », s'inquiète le directeur d'Altares. « Le mur des faillites redouté depuis trois ans est naturellement moins que jamais envisagé, néanmoins, il est fondamental de se prémunir du risque de défaut de ses clients comme de ses fournisseurs stratégiques. Si les TPE sont les plus nombreuses à défaillir, 2023 a confirmé que les partenaires commerciaux PME et ETI sont, et devraient rester, également très exposés au risque », prévient-t-il.
Marie Gérald
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