La reprise du secteur du BTP fragilisée par les mesures gouvernementales
En mars dernier, lors du dernier point conjoncture organisé par l’organisme, il faisait déjà part de sa méfiance vis-à-vis de l’élection présidentielle, la thématique du logement étant soigneusement évitée par l’ensemble des candidats.
Quelques mois plus tard, l’arrivée d’Emmanuel Macron à la tête de l’État n’a clairement pas eu que des répercussions positives sur le secteur du BTP. Certes, les chiffres de la construction sont toujours dans le vert, mais la FFB préfère rester prudente.
« Plusieurs prises de parole officielle dénotent un véritable changement de ton à l’égard de l’immobilier au sens large », faisait savoir Jacques Chanut ce mercredi 13.
« Il s’agit tout d’abord du projet d’Impôt sur la fortune immobilière (Ifi) qui, s’il portait effectivement sur le locatif privé, constituerait une nouvelle négation du rôle économique des investisseurs. Il s’agit également du énième jalon sur le chemin de la disparition de l’épargne-logement. Il s’agit encore des projets de dénaturation du dispositif ‘’Pinel’’ ou du PTZ », sans oublier la tant décriée baisse des APL, dont la « révision trop brutale » inquiète particulièrement les professionnels du secteur.
Des prévisions annuelles qui restent optimistes
Pour autant, l’avenir du bâtiment et de la construction n’est pas si sombre : « la reprise est bel et bien là », confirme le président de la FFB. « De fait, l’acquis de la première moitié de 2017 et les perspectives pour la seconde laissent espérer une croissance de l’activité bâtiment au-delà de 4%, donc sensiblement plus forte qu’initialement prévu (+3,4% annoncé fin 2016). »Dans le détail, la Fédération rappelle la « forte dynamique dans le neuf », avec une progression des mises en chantier de logement de 8,9% en rythme annuel sur sept mois, portée aussi bien par l’individuel (+13,4%) que le collectif (+17,4%). Le non résidentiel n’est pas en reste, avec une croissance de 8,9% sur sept mois.
« Les crédits immobiliers accordés pour gros travaux seuls affichent aussi un léger mieux, à +11,6% en glissement annuel sur le premier semestre 2017, il est vrai par rapport à un premier semestre 2016 historiquement bas », note également Jacques Chanut, avant de nuancer : « On reste toutefois bien loin des promesses du Grenelle de l’environnement et de ses suites ».
Le redressement de l’activité profite aussi à l’emploi. D’après la FFB, « près de 15 900 postes » ont été créés au premier semestre 2017. « L’accélération de la reprise conduit à estimer que la prévision initiale de la FFB, soit 10 000 postes en plus y compris intérim, sera, elle aussi, dépassée », indique Jacques Chanut.
Si la reprise est donc toujours de mise, la Fédération a néanmoins tenu à adresser quelques conseils au gouvernement. « Dans un marché qui s’infléchit déjà, il importe de ne pas jouer aux apprentis sorciers. La reprise de l’emploi dans le secteur ne survivrait pas à une potion trop amère », met en garde le président de l’organisme.
« Il convient de rappeler un point fondamental de notre économie : l’importance des dispositifs de soutien au logement procède, avant tout, d’une fiscalité trop pesante. Cet obstacle doit être arasé et le stock de normes s’appliquant au bâtiment élagué, avant que l’on puisse s’attaquer sans risque avéré aux dispositifs de soutien », conclut-il.
F.C
Photo de Une : @FFBatiment (Twitter)/Légende : Jacques Chanut, président de la FFB, reçu par Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires