La FRTP Auvergne-Rhône-Alpes appelle les élus à relancer des appels d'offre
Dès le jeudi 29 octobre, la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP) réagissait au discours d'Emmanuel Macron et aux annonces de reconfinement, répondant présente pour poursuivre l'activité, non sans émettre des inquiétudes :
« Une baisse sans précédent des appels d’offres menace le secteur, au point que les entreprises, en priorité les TPE et PME, craignent un arrêt de l’activité d’ici la fin de l’année sans une relance massive des projets des collectivités locales, tout particulièrement des communes et des intercommunalités. (...) Le Président de la République a évoqué le maintien des services publics. Ces services publics doivent impérativement inclure ceux qui permettent d’assurer la continuité économique de la nation, à l’instar des services techniques d’urbanisme, de voirie ou d’assainissement dans les communes et les intercommunalités », soulignait alors la fédération.
Ce mardi 3 novembre, c'est la Fédération Régionale des Travaux Publics d'Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA) qui tenait une conférence de presse intitulée « Provoquons un choc de la commande publique ! » pour alerter sur la situation préoccupante des entreprises de travaux publics, confrontées à une chute drastique des appels d'offre.
Une chute de -50 % d'appels d'offre émanant des communes
Après avoir souligné que cette conférence était prévue avant les annonces de reconfinement, Pierre Berger, président de la FRTP Auvergne-Rhône-Alpes (AuRA) a dressé un bilan inquiétant de la chute des appels d'offre, avec -37 % par rapport à l'année précédente, tous maîtres d'ouvrages confondus, et -50 % pour les seules communes.
Alors que les travaux publics ont cette fois-ci d'emblée été reconnus comme prioritaires et enjoints à poursuivre leur activité, les entreprises de TP peinent paradoxalement à travailler face à la baisse des carnets de commandes, réduits à des peaux de chagrin. Si ces derniers étaient bien remplis avant le premier confinement, ils sont en effet aujourd'hui presque à sec.
Face à la baisse brutale des appels d'offre, certaines entreprises sont d'ores et déjà obligées de faire des demandes de chômage partiel.
Un contexte anxiogène qui empêche les élus de reprendre confiance
Pierre Berger soupçonne notamment une certaine « frilosité » des élus à lancer des projets dans un contexte incertain et anxiogène.
« Il faut arrêter de polariser sur les choses qui ne vont pas. Les médias, et encore plus les réseaux sociaux, sont anxiogènes. Cela créé une inertie et un blocage chez les gens, et par voie de conséquence chez les élus. Il faut reprendre confiance », exhorte le président de la FRTP AuRA.
De nombreux projets en attente dans le cadre du plan France Relance
Et pourtant, ça n'est pas les projets en attente qui manquent, avec le budget annoncé dans le cadre plan France Relance, et alors que 63 % des ponts de la seule région Auvergne-Rhône-Alpes nécessiteraient par exemple des rénovations.
Dans ce contexte, la fédération régionale à adressé une lettre aux élus, les appelant à relancer des appel d'offre, alors que 75 % de l'activité des travaux publics dépend de la commande publique. Dans ce dernier, la FRTP de la région AuRA leur demande notamment d'utiliser les dotations de l'Etat issues du plan de relance pour lancer des projets.
Pierre Berger appelle également les fonctionnaires qui doivent rédiger les appels d'offre à s'investir davantage, et ce malgré les conditions difficiles liées au télétravail.
Le président de la fédération régionale remercie en revanche les conseils départementaux, qui auraient lancé +100 % d'appel d'offre sur la seule semaine dernière comparé à la même période de l'année précédente : « Les conseils départementaux ont remis la machine en route pour essayer de rattraper le retard, et j'en profite pour les remercier, car c'est vital. Les conseils départementaux sont de très grands donneurs d'ordre, notamment au niveau des routes », souligne-t-il.
L'inquiétude porte également sur l'année à venir, que ce soit en termes d'activité, mais aussi de recrutement, puisque les entreprises en manque d'activité ne pourront pas embaucher, que ce soit des contrats à longue durée ou des apprentis, alors même que les organismes de formation ont cette année reçus plus de demandes que d'habitude.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock