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La filière solaire thermique se mobilise pour gagner en compétitivité

Publié le 21 juillet 2014

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La filière solaire thermique, entraînée par le syndicat des professionnels de l'énergie solaire Enerplan et l'équipe de France de la chaleur solaire, propose à l'Etat un plan d'action sur trois ans pour relancer le marché et gagner en compétitivité. Etat des lieux de la filière et détails de ce plan avec Richard Loyen, délégué général d'Enerplan syndicat des professionnels de l'énergie solaire.
La filière solaire thermique se mobilise pour gagner en compétitivité - Batiweb

Pourquoi proposer un plan de relance pour la filière du solaire thermique ?


Richard Loyen :
La filière, comme vous le savez, n'est pas bien avec un marché en baisse sur 2014. Depuis 2008, le marché n'a fait que décroître mais, là où on observait une baisse uniquement sur le marché résidentiel auparavant, le collectif est désormais touché. Notre secteur est en tension.

Que pensez-vous des annonces de Ségolène Royal sur la transition énergétique ?


Les annonces de Ségolène Royal vont dans le bon sens mais il reste encore beaucoup de choses à préciser concrètement. Avant de penser aux objectifs de 2030-2050, il faudrait déjà avoir une trajectoire qui maintiendrait la croissance et ce n'est pas le cas actuellement.

Quelles sont vos suggestions ?

Nous portons déjà des actions sur le court terme. L'année dernière, l'Ademe a mené une étude sur la compétitivité de la chaleur solaire, étude qui a permis d'établir un diagnostic sur les forces et les faiblesses du secteur. Cela nous a permis d'élaborer un plan d'action afin de progresser à la fois dans l'individuel et le collectif. Nous avons également répondu une première fois à un appel à projets de la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services mais nous n'avons pas été retenus car notre projet n'était pas suffisamment conséquent.

Quels sont les grandes lignes de ce plan d'action ?

Notre plan consiste à gagner rapidement en compétitivité en améliorant la mise sur le marché des produits dans l'individuel solaire collectif et en poursuivant nos efforts sur la structuration qualitative de la filière. Nous considérons que nous sommes parvenus à structurer les choses sur la partie individuel, reste à les parfaire dans le collectif. Nous avons de bonnes bases mais nous avons encore des milliers d'acteurs à former, que ce soit des installateurs ou des maîtres d'oeuvres.

L'une des actions qui nous paraît prioritaire et applicable dès septembre 2015, c'est le labelling ou l'affichage énergétique des procédés de production de chauffage et d'eau chaude sanitaire. Nous pouvons en tirer un véritable avantage compétitif puisqu'en matière de performance, les chauffe-eau solaires sont les seuls produits notés A+++.

D'autre part, il faut que nous avancions en terme de visibilité de l'offre solaire en rénovation, que ce soit pour le chauffe-eau solaire ou les systèmes solaires combinés. Dans un contexte de mise en place du passeport rénovation, nous devons travailler à l'optimisation des systèmes installés. Il y a un véritable travail entre l'industrie et l'entreprise d'installation pour faire évoluer l'argumentaire technique. C'est pourquoi nous devons mieux former les installateurs pour qu'à chaque changement de chaudière, ils puissent prescrire une option solaire.

Ensuite, nous devons travailler à renouer la confiance avec le consommateur, notamment les bailleurs sociaux avec le solaire thermique collectif. Un guide devrait d'ailleurs sortir d'ici la fin de l'année pour rétablir cette confiance et travailler sur plusieurs programmes. Nous espérons sortir courant septembre le plan de commissionnement avec les outils et les procédures dédiés au solaire thermique, de la conception jusqu'à la mise en exploitation. Il va donc falloir former et informer l'ensemble des maitre d'ouvrage pour qu'ils puissent introduire la démarche de commissionnement, qui est pour eux l'assurance qualité totale. Dans notre profession, nous avons une chaîne de marché qui va du concepteur au réalisateur et à l'exploitant. Si on a un seul maillon faible dans la chaîne, les performances ne sont pas au rendez-vous. Dès la rentrée de septembre, nous allons mettre en place la qualification pour les installateurs en solaire thermique collectif et faire aboutir le référentiel de formation. Il faut qu'on arrive à proposer une offre de formation au plus près des entreprises d'installation, c'est-à-dire installer une plateforme par région.

Enfin, sur l'aspect performance et qualité, on veut ouvrir assez rapidement un chantier sur le solaire thermique 2.0. Il s'agit d'intégrer de manière générique le suivi de la performance dans l'individuel et le collectif et de prévoir des alertes en cas de problèmes. Nous allons travailler avec le Syndicat du Pilotage et de la Mesure de Performance énergétique.

Quelles sont vos attentes pour la filière ?

Le gouvernement doit prendre en compte la chaleur renouvelable au delà d'un objectif général à 2050. Il faut être pragmatique, aujourd'hui, on a un marché qui a décroché depuis 2008, et six ans plus tard on n'a toujours pas renoué avec la croissance ! Les objectifs qui déclinent de la loi sont mirobolants et on ne pourra pas les atteindre dans ces conditions. Pour moi, la vraie question c'est comment renouer avec la croissance d'ici à 2020. Il y a une partie de la réponse qui est entre les mains des professionnels, qui doivent proposer des offres compétitives et qualitatives mais l'autre se situe du côté des pouvoirs publics qui doivent les accompagner. Pour déployer un certain nombre d'actions structurantes et qualitatives afin de promouvoir notre filière, il nous faut surtout des moyens financiers. Avec une filière en crise, difficile d'y arriver seul. Le principe c'est « L'union fait la force » donc on essaie de rassembler. Ce n'est pas qu'une question Enerplan, c'est un plan de filière. Notre plan, qui comprend la création de 20 000 emplois et l'économie de plus d'un milliard d'euros par an en énergie importée d'ici 2025, est totalement réalisable mais il faut retrouver le chemin de la croissance et de la confiance.
 

Quid du photovoltaïque ?

Dans un communiqué, Enerplan s'est également inquiété de la baisse vertigineuse du marché photovoltaïque en France : moins 83% par rapport à la même période en 2013 pour des projets de moyenne taille et moins 40% dans le résidentiel individuel.

Le syndicat demande une réforme du système de tarif d'achat cette année. « (…) Les entreprises du secteur photovoltaïque français ne peuvent plus travailler avec le cadre incitatif actuel. Nous avons besoin maintenant de mesures d’urgence effectives pour sauvegarder le secteur et crédibiliser un vrai changement de modèle énergétique pour le pays », écrit Thierry Mueth, président d’Enerplan.

« Quant aux grands projets, aucun calendrier n’est connu pour la publication d’un prochain appel d’offre… Sa publication devait être en mars dernier », rappelle le syndicat dénonçant « l'arrêt » des conditions pour développer l'activité.

Claire Thibault
© Manuela Fiebig - Fotolia.com

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